(Billet 129) – La CAN, c’est bien… l’égalité des chances, c’est mieux !

(Billet 129) – La CAN, c’est bien… l’égalité des chances, c’est mieux !

Le Maroc est en 8èmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, ayant accompli un parcours sans faute, sans encaisser un but, même sans en marquer trop non plus… Pas grave, notre amour-propre national est intact, et le Marocain est fier, et quand il est fier, le Marocain, il n’est pas trop regardant. L’essentiel est le résultat, dit-on… Certes, sauf que quand le résultat, même bon, n’est pas le produit d’une vision stratégique ou d’une stratégie visionnaire, il ne peut être qu’irrégulier et, ce qu’à Dieu ne plaise, éphémère, voire aléatoire.

Le problème ici n’est pas d’avoir sélectionné 23 joueurs de nationalité marocaine. Cette nationalité est entière et ne souffre aucune ambigüité. On est marocain ou on ne l’est pas, et quand on l’est, on l’est entièrement, absolument, définitivement. Mais la question qui se pose se rapporte concept de « nationalité sportive », que les chercheurs universitaires distinguent de la « nationalité juridique ».

Au vu des résultats actuels du Maroc en Egypte, l’heure est à la joie et aux youyous. Fort bien, mais il ne faut point oublier l’égalité des chances, aussi… ce concept dont tout le monde parle et sur lequel tout le monde s’énerve à raison, à la maison et sur les réseaux. En effet, Fouzi Lekjaâ proclame sans ciller, avec l’assurance-arrogance qui est la sienne, que « le foot marocain se fonde sur 370.000 licenciés au Maroc et plus de 600 professionnels à l’étranger ». Si 370.000 ont envoyé un ou deux joueurs en Egypte et si « plus de 600 professionnels » assurent le reste de la sélection, c’est qu’il y a hiatus quelque part.

Le Maroc est, selon l’étude du cabinet...

marocain Episteme, bon dernier en Afrique dans le classement des joueurs « Formés par le Football National ». Sur les 23 joueurs sélectionnés, les FFN se comptent sur la main gauche de Boris Eltsine, alors que les Egyptiens sont à 100% estampillés FFN.

Si 370.000 licenciés ne donnent que deux ou trois joueurs en sélection, il serait bon de s’interroger sur la qualité de la formation nationale, et sur sa capacité à offrir un tremplin professionnel aux jeunes. Pourquoi le Maroc, bon dans les compétitions continentales de clubs, avec ses FFN et grâce à eux, avec ses tifos aussi spectaculaires qu’incendiaires, ne prolonge-t-il pas cet indéniable succès dans les différentes CAN ? Pourquoi les sélectionneurs nationaux, tous FFN, sont-ils voués aux gémonies face à l’hégémonie des étrangers ? Pourquoi les ministres en charge du secteur présentent-ils des profils différents de ceux requis pour penser le sport (restons courtois) ? Pourquoi, au vu des résultats, engager des moyens faramineux qui se révèlent au final ruineux ?

Une réponse, une seule, peut être apportée à toutes ces questions : Le manque de vision, de stratégie, de doctrine… que l’on retrouve aussi ailleurs d’ailleurs, dans l’éducation, dans la santé, dans le logement, dans l’industrie… Avec la diplomatie comme exception qui confirme la règle et le dérèglement. Les mêmes causes induisent les mêmes méfaits !

Tout en félicitant nos joueurs, nos compatriotes, pour leur succès en CAN et en leur souhaitant le meilleur pour la suite, ce sont là des questions possibles, qu’on pose, afin d’assurer aux jeunes une égalité des chances, inexistante, et offrir au public des joies et des bonheurs réguliers.

Aziz Boucetta