(Billet 106) – En politique, crier c’est bien… communiquer c’est mieux

(Billet 106) – En politique, crier c’est bien… communiquer c’est mieux

Le Maroc fonctionne à peu près normalement, sauf qu’on ne le sait tout simplement pas ! Nous avons même souvent le sentiment que le gouvernement et la société sont sur deux voies parallèles… La raison est que nos dirigeants gouvernent comme s’ils hibernent… en vase clos, dans une sorte de quant à soi. Et quand ils s’expriment face au peuple, ils crient, s’écrient, décrient… mais ne communiquent point.

S’il est une fonction qui semble malaimée dans cette contrée où le téléphone arabe prospère, c’est bien celle de porte-parole. Et étrangement, le seul grand corps qui ait développé cette fonction est celui qui, par nature, est le plus discret, en l’occurrence la police… Le palais a également instauré la fonction de porte-parole, même si le so british Abdelhaq Lamrini se contente de lire solennellement, avec une componction qui force le respect, les communiqués du cabinet royal, sans un mot de plus ni en trop ; mais il a le mérite d’exister et on ne peut améliorer que l’existant. Quant à M. el Khalfi, à la manœuvre depuis 8 ans, il est davantage parolier que porte-parole.

Pour les ministres, et sauf quelques rares exceptions, ce sont tout au plus des chargés de communication qui sont à la manœuvre, mais leur difficulté tient au fait que les grands chefs qu’ils servent alignent des platitudes, pris dans leurs certitudes et épris d’eux-mêmes ; quant aux petits chefs, leur...

gouaille est bridée par la peur qui les tenaille.

Or, la politique est un métier, et la communication aussi. Souvent, elles se rencontrent, et de plus en plus se croisent… Si un politique se met rarement à table, un communicateur peut lui vendre sa soupe en mettant en place son marketing politique. A l’heure des éléments de langage, à l’ère d’internet et de ses armées électroniques, et avec l’heur des trolls et des jeux de rôles, ce sont des spécialistes (spin doctors chez les Anglo-saxons) qui doivent se charger de « vendre » leurs clients.

Des responsables comme MM. Elotmani, Akhannouch, Amzazi, Laenser, Doukkali, ou encore, ou surtout l’inquiétant muet qu’est M. Sajid, compte tenu de leurs fonctions et de leur ampleur incomprise, gagneraient à proposer plus, à gloser moins et à causer mieux. Leur job consiste à gérer ; celui de leurs communicateurs serait d’influencer l'opinion sur leur personnalité, leur politique et leurs faits et gestes, par des techniques de communication hardies.

Le métier de communicant politique au Maroc existe, représenté par les agences classiques de communication ou des cabinets de lobbying et/ou consulting plus éprouvés. Nos politiques, peu connus pour tenir en haleine une assistance, seraient inspirés d’y avoir recours. Ils seraient moins indigestes et pourraient même convaincre les citoyens de s’intéresser à la chose politique et même, peut-être, les inciter à voter… parce que pour 2021, ce n’est pas gagné.

Aziz Boucetta