(Billet 102) – Femmes des années 2020 !…

(Billet 102) – Femmes des années 2020 !…

Au Maroc, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la femme n’est pas la moitié de l’homme, mais son cinquième… Avec 21% de la population, le Maroc affiche l’un des plus faibles taux d’activité féminine dans le monde. Mais bon, en guise de consolation, sachons que nous sommes quand même meilleurs que l’Irak, l’Iran, la Somalie et le Yémen… Même ces enclaves médiévales au 21ème siècle que sont l’Arabie saoudite et l’Afghanistan nous dépassent !

Ainsi donc, les femmes représentent le cinquième de l’emploi national, contre 25,5% en 2011. Pourquoi ? On peut imputer ce recul à l’arrivée de M. Abdelilah Benkirane aux affaires, quand il avait qualifié la femme marocaine de « lustre »… un peu rustre, certes, mais si c’était son droit de le penser, sa position politique a contribué au dégât national, car les chiffres sont parlants. Qu’on en juge…

En effet, dès la naissance, la parité est la règle, avec 1,05 homme/femme… Au primaire, les petites filles représentent 48% du total national. Les adolescentes sont 47% de l’effectif global dans les collèges. Pour le baccalauréat, cuvée 2018, 55% des candidats reçus étaient des candidates. Une fois à l’université, les jeunes femmes représentent 49% de l’effectif global étudiant, et quelques années plus tard, diplômes en poche, la parité est toujours maintenue, avec 50,5% de femmes…

Mais au sein de la population active, les femmes ne représentent plus que 21% du total ? Où est passé le reste ? C’est la question qu’il faut poser et quelle que soit la réponse, elle sera...

catastrophique… Mariage ou en attente de mariage, diplômées ou non, libérées ou pas, les femmes restent semble-t-il au foyer, comme un lustre… Et là aussi, ce n’est pas l’Etat le responsable, mais la société !

Il faut dire aussi que bon nombre de chefs d’entreprise préfèrent l’emploi d’hommes aux femmes qui, argumentent-ils, doivent encore enfanter, s’absenter, réenfanter et re-disparaître. Mauvais argument, sauf à penser que dans les pays où le taux d’activité féminin est supérieur au masculin (Allemagne, Rwanda, Burundi…), ce sont les hommes qui enfantent …

Et pourtant, au Maroc, nous avons des femmes de talent et de tempérament, voire même de pouvoir. Ainsi de la juriste Saâdia Belmir qui rappelle la primauté de la loi avec force, ou de Miriem Bensalah et sa force tranquille, de Samira Sitaïl et sa force tout court, ou encore Neila Tazi, qui force le respect. Sans parler des pilotes, policières, taxiwomen, médecins et surtout les mères célibataires et cheffes de foyer, qui sont 1,8 million dans ce royaume magique.

On peut penser que les statistiques, comme nombre de choses dans le pays, sont en piteux état, et on peut aussi considérer que nombre d’activités féminines ne sont pas prises en compte… mais il restera toujours ce constat que les femmes au Maroc travaillent de moins en moins… En 1981, Michel Sardou chantait « femmes des années 80 »… Au Maroc, les femmes déchanteront pour les années 2020… et suivantes, si rien n’est fait.

Aziz Boucetta