Zoom n°15 : Le grand bazar !

Zoom n°15 : Le grand bazar !

« Lève-toi et cède la place ! » Était une sorte d'impératif catégorique, déclenchant un automatisme naturel, quand, dans les bus, une personne âgée avait du mal à trouver une place. Cela fût bien longtemps.  Il y a vingt ou quinze ans auparavant, même s'il n'avait aucun problème évident à marcher ; les personnes âgées avaient la priorité des places assises dans les transports en commun, c’était un acte à accomplir suffisamment dicté par le bon sens civique, qui appartenait à cette vaste gamme de comportements vertueux et commodes inculqués par la famille dès le plus jeune âge.

Céder sa place à un adulte faisait partie de l'action coutumière, constituant une habitude polie suggérée par un respect générationnel sain. Un code social partagé et respecté.

Mais aujourd'hui, l’affaire et tout autre. Des jeunes, peut-être impoliment innocents, errent dans les autobus en tant que brutes, en proie à un délire exalté de toute-puissance ; ils barbouillent la tapisserie, font sonner les téléphones portables comme radio, poussent, tirent, exhibent un langage souvent obscène, parfois et blasphématoire pour le plaisir collectif. Ces actes sont commis dans l’indifférence totale des adultes, qui placidement debout, assistent avec une nonchalance absolue et une indifférence ostentatoire au spectacle.

Pourtant, il y a 600 ans, Platon alertait sur le danger d’une éducation qui laisse à désirer : « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie », avait dit le philosophe grec.

Finies les Assises sur la fiscalité, terminé le rapport sur la réforme sur l’enseignement supérieur et la formation, mais la véritable réforme qui s’impose c’est l’instruction civique. Car au demeurant, le type...

de citoyen a changé donc, il faut une réforme en profondeur sur les méthodes et les objets d’enseignement. la vraie réforme de l'éducation donc.

Comme les autres corps ; les revendications des enseignants sont presque ou toujours des questions d’avancements et de motivations, où dès fois on l’embellit pour décrire le cadre et les outils pédagogiques afin de se donner un élan de sympathie ou une légitimité. Et comme toujours aussi les récriminations des parents d’élèves des écoles publiques comme privées sont liées à la question financière (cherté de la scolarité, fournitures et autres équipements pour l’élève trop nombreux…). Et qui pour parler au nom de ceux qui sont au centre de toutes ces affaires… en principe l’Etat, mais tenaillé entre une multitude de revendications, il laisse mijoter.

Après la mise à genou de M’dina à cause des actes de banditisme quasi quotidienne, c’est autour de RATP Dev Casablanca de décrier la vendetta contre les tramways de Casablanca. Pour tâter le pouls de la citoyenneté et du respect des édifices publics, les stations de tramway restent cependant de bons indicateurs : sauts des barrières, blocages des portes, furie contre les machines émettrices de tickets (tapées à coups de pieds et de poings pour qu’elles crachent la monnaie), et quand les supporters de l’autre club de la ville de la Casablanca s’en mêlent, les tramways sont transformés en tambours le temps du trajet. RATP Dev Casablanca doit au plus vite se parer avec des mesures coercitives afin que l'irréparable ne se produise.

Toutefois, face à la succession de condamnations de la situation, une nouvelle réflexion commune investissant familles, enseignants-éducateurs et jeunes étudiants pourrait constituer un élan pragmatique, nécessaire et utile, pour repenser l’éducation civique. Il est vrai qu’il existe un programme, des outils et des volontés mais le contexte est tout autre, raison pour laquelle, il faut se réajuster ou disparaitre. On ne fait du neuf avec du vieux. 

Mouhamet Ndiongue