Zoom n°12 : Le temps des cathédrales !

Zoom n°12 : Le temps des cathédrales !

Les critiques des dons pour la reconstruction de Notre Dame rappellent un peu à ce passage de l’Evangile de Matthieu (26, 7 – 13) où les disciples manifestèrent leur indignation, reprochaient à Marie de gaspiller la précieuse huile de nard pour parfumer les pieds de Jésus. « Pourquoi un tel gaspillage ? On aurait pu vendre ce parfum pour un bon prix et donner l’argent aux pauvres… », disaient-ils. Mais, se rendant compte de cela, Jésus leur dit : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Ce qu’elle vient d’accomplir pour moi est vraiment une belle action. »

Quelques heures après l'effondrement du toit de la cathédrale de Notre Dame, de riches d’affaires et entreprises français avaient souscrit pour une levée de fonds d’un milliard d'euros. Et quelques jours voire des heures après, les manifestations publiques de ces « bienfaiteurs », la polémique prend le relai, cette fois-ci, c’est contre les « riches » accusés de se faire une belle affaire avec des dons pour Notre Dame. La vindicte populaire s’est très vite abattue sur eux, car jugés beaucoup moins généreuse lorsqu'il s'agit de penser aux « pauvres ».

« Ils sortent des chèques époustouflants pour l'église mais ne sont pas intéressés par les troubles sociaux vécus dans le pays », ont déclaré les gilets jaunes. Même la Confédération générale des travailleurs (CGT) habituée à plus de retenue n’y est pas aller le dos de la cuillère. Philippe Martinez, son secrétaire estime que « cela montre aussi les inégalités dans ce pays, que nous dénonçons souvent. S'ils sont capables de donner des dizaines de millions d'euros pour reconstruire Notre Dame, ils cesseront de dire qu'il n'y a pas d'argent pour répondre à l'urgence sociale ».

Ces polémiques déclenchées dans un contexte social très tendu en France laissent penser à une absurdité qui révèlent la mentalité de ceux qui les élèvent. Et on pourrait dire et les migrants, alors ? Et le climat alors ? et alors, et alors… Pour les...

pasdarans, il existe toujours un plus noble pour contrecarrer toute forme de mobilisation. Comme le dit le philosophe anglais Roger Scruton, nous vivons vraiment à l’ère du ressentiment, une société qui réussit à faire un sang amer même lorsque l’on est généreux. Est-il possible que les familles Pinault, Arnault, Bettencourt-Meyers, le groupe LVMH, L'Oréal et Total se soient mobilisés uniquement pour un petit calcul ou pour reconstruire leur image ? Possible. Alors souvenons-nous dans l'histoire du christianisme, les églises ont été construites grâce à des saints et des voyous, riches et pauvres, des prostituées, des ivrognes, peu de bien.

L'Eglise a toujours condamné les péchés et invité les pécheurs à la rédemption. Le monde moderne, par contre, ne reconnaît plus les péchés, mais le fait mourir avec les pécheurs.

Si la foi se meurt ici à cause d’un flot d’argent, la culture se meurt ailleurs à cause de l’argent, mais en manque. Le parallèle de Notre Dame c’est le Musée national brésilien à Rio de Janeiro âgé de 200 ans. Ce Musée, avant son incendie comptait plus de 20 millions de fossiles inestimables, d'artefacts, d'œuvres d'art et de documents qui ensemble forment la majeure partie de l'histoire enregistrée de l'Amérique du Sud.

Après l’incendie, Alexander Kellner, directeur du Musée a fait le tour du monde pour chercher des fonds pour la reconstruction du Musée. Presque bredouille, Kellner déclara avec rage qu’« Il y a de l'argent pour les Jeux olympiques, pour les stades de football, mais pas pour les musées ». Pour preuve, le gouvernement brésilien n'a engagé que 15 millions de dollars pour la reconstruction du Musée alors que le tout nouveau stade de Maracanã à Rio est construit au coût d'un demi-milliard de dollars, tout un symbole.

Et en France, avec le milliard d'euros récolté, au-delà de Notre Dame, c’est presque toutes les grandes cathédrales de ce pays qui feront peau neuve. Il est venu le temps des cathédrales.

Mouhamet Ndiongue