(Billet 75) – Tout ce Malki ronge le parlement…

(Billet 75) – Tout ce Malki ronge le parlement…

On dit que le système de pouvoir algérien est opaque et fonctionne selon des règles complexes… Ce n’est pas entièrement différent pour notre classe politique qui elle, semble ne même pas avoir de règles. A la Chambre des représentants, le président sortant Habib el Malki est finalement restant, en vertu du bon vieux principe qu’on ne change pas une équipe qui gagne, et surtout une équipe qui stagne. Comme chez les Conseillers, les présidents sont très souvent reconduits, et très, trop rarement éconduits.

245 députés ont donc silencieusement manifesté leur confiance à M. el Malki, candidat unique d’une élection inique. On n’en sait pas plus, sauf que le vote s’est fait à bulletins secrets. Quels sont les partis qui ont voté pour lui, ceux qui ont voté contre, ceux qui s’en foutent ? Pas de réponse officielle. On sait en revanche qu’il y a eu des bulletins blancs, des enveloppes vides et surtout des bulletins nuls, très exactement 14… 14 élus de la nation glissant des bulletins nuls… que dire ? Rien, restons courtois.

On sait en revanche que la moribonde USFP, qui a jadis connu des temps glorieux avant de réaliser aujourd’hui des scores ignominieux, dispose tout juste d’un groupe parlementaire, avec le minimum requis. Merci pour lui ! Le parti aligne cependant un élu qui figure parmi les plus anciens au monde ! Abdelouahed Radi est entré...

au parlement en 1963, quand Kennedy draguait encore, que Bouteflika complotait déjà, que Khrouchtchev déstalinisait toujours, qu’Hassan II démarrait son règne, que le Maroc était plus riche que la Corée du Sud, et que les membres du gouvernement actuel étaient tous ou pas nés ou en culottes courtes…

Au Maroc, nous sommes ainsi faits que nos députés désignent le 3ème personnage de l’Etat à la faveur d’un rot, un vendredi, sans que personne n’y prête attention ; c’est dire l’importance de la fonction. Ils étaient quand même plus des 3/4 des élus à avoir daigné se déplacer, quand même… le couscous à la rescousse. Mais porter à la présidence cet homme qui a tellement fait pour ne rien faire, sauf quand on lui dit quoi faire, mais qui sait être ferme en la fermant, voilà qui s’appelle chambrer le populo.

Nos bien-nommés représentants représentent effectivement le Maroc… mais dans tout ce qui est symptomatique du Malki ronge notre société : misogynie assumée, insignifiance consommée, sectarisme exacerbé, sexisme à gerber, clientélisme débridé… Et c’est cela qui conduit à penser à amender l’article 47 de la constitution, car chez ces gens-là, on ne débat pas, Monsieur, non, on ne débat pas, on trompe... Le 47 devrait devenir « le roi choisit le chef du gouvernement en évitant les partis ». On aurait alors une sérieuse chance de nous développer.

Aziz Boucetta