Le complexe Jorf Lasfar d'OCP bientôt autosuffisant en eau dessalée
Pour ceux qui ne le connaissent pas (encore), le site de Jorf Lasfar (à 15 km au sud d’el Jadida) est le plus grand complexe au monde de valorisation du phosphate et de production de fertilisant. Le complexe s’est construit en différentes phases et l’une des dernières unités sorties du sol est celle du dessalement d’eau de mer, l’eau étant un intrant primordial pour l’activité d’OCP. Aujourd’hui, sur une production de 12 millions de tonnes produites par le géant marocain, 10,5 sortent de Jorf Lasfar.
Bref historique. Ainsi, la stratégie de développement d’OCP prévoyait, depuis 2006, le doublement de la capacité minière et le triplement de la capacité chimique. De là sont nés les complexes Jorf Lasfar fertilizer, le I en 2015, inauguré par le chef de l’Etat, le II en 2016 et les III et IV respectivement en 2017 et 2018. Les objectifs de doublement et triplement des capacités a donc été atteint, faisant d’OCP le premier exportateur au monde d’engrais. Pour les pays, le classement donne les Chinois premiers, les Américains seconds et le Maroc en 3ème position.
Les chiffres de la consommation en eau. Au début, le minerai était amené à Jorf Lasfar par train, mais ça c’était avant… Aujourd’hui, avec le slurry pipe line, les choses en vont autrement. Le pipe, courant sur une distance de 185 km, achemine 38 millions de tonnes de phosphate par an, sous forme de pulpe et avec objectif de 42 millions de tonnes à terme. Les frais de transport ont été divisés par 10 et l’économie en eau a été réduite de moitié, les 50% restants étant alimentés à parts égales par l’ONEE et l’unité de dessalement de l’eau de mer. Avec une production actuelle de 25 millions de m3, l’objectif est de passer dans les trois ans à 40 millions de m3 et 0 pour l’ONEE. Comme l’arithmétique ne colle pas, il faut savoir que les nouveaux complexes, fonctionnant en éco-concept, consomment un quart de
moins d’eau que les anciens. Aujourd’hui, le Groupe OCP consomme 0,3% de l’eau potable sur le plan national.
ONEE et ONCF y perdent, mais OCP y gagne, et c’est tant mieux.
Pour cela, trois axes de travail ont été définis :
Axe 1 : La réduction de la consommation d’eau ;
Axe 2 : L’interdiction d’utiliser les eaux de forages, et,
Axe 3 : le dessalement de l’eau de mer.
Le coût du dessalement. L’unité de Jorf Lasfar, dirigée par une jeune marocaine issu de l’enseignement national, a fait l’objet d‘un investissement de 800 millions de DH. Le budget aurait pu être bien plus important car l’énergie est le facteur le plus onéreux, mais OCP produit sa propre énergie dans ses installations, ce qu’on appelle l’énergie fatale.
Comment on dessale ? L’eau de mer est pompée à un débit de 7.500 m3 par heure, puis est acheminée vers une station de dégrillage pour élimination des algues et impuretés supérieures à 3 mm. L’eau de mer va ensuite vers la station de filtrage pour prétraitement, qui consiste en une flottation par filtrage des fines particules, plus une autre filtration avec des membranes. L’eau claire ainsi obtenue est ensuite acheminée vers l’unité d’osmose dite inversée, pour éliminer les chlorures. Le post-traitement consiste alors à affiner l’eau par ajout de CO2 et de chaux pour obtenir les caractéristiques de l’eau potable.
Une fois cette dernière phase achevée, l’eau dessalée va vers l’un des deux bacs à 5.000m3 chacun, avec une salinité de 0,5 gr/m3, pour une salinité initiale de 35 gr/m3.
Dans la stratégie de développement industriel, le groupe OCP investit toujours sur les compétences nationales et oeuvre continuellement à atteindre l'autosatisfaction pour avoir une indépendance par rapport à l'étranger, et une totale autonomie dans son procesus de décision. On l'a vu à Benguérir avec les établissements scolaire ou universitaire, on le voit ailleurs sur la quasi totalité des sites miniers et on le constate enfin dans la mise en oeuvre de la politique environnementale.
AB