(Billet 70) – Partis politiques entre discours et effets de cour

(Billet 70) – Partis politiques entre discours et effets de cour

Y a-t-il une campagne électorale prévue sous peu au Maroc ? Non. L’échéance prochaine est aussi lointaine qu’incertaine. Alors pourquoi les partis s’agitent-ils ainsi, et remuent dans les placards ? Pourquoi font-ils dans la surenchère des chiffres lors de leurs meetings ? Autour de nous, le monde bouge et les populations s’ébrouent, et sous nos cieux, hamdoullah l’ordre règne et le calme baigne ; seuls les partis insistent et veulent montrer qu’ils existent.

Les deux premiers partis du royaume sont empêtrés dans leurs contradictions anciennes et leurs addictions premières. Le PJD s’agite et s’excite encore sous les coups de boutoir du très énervé Abdelilah Benkirane que même le très calme Saadeddine Elotmani n’arrive plus à contenir. Du côté du PAM, rien de nouveau, rien d’important, rien de pertinent ; le mot d’ordre est de durer et l’ordre est d’endurer, en attendant des ordres qui tardent à venir, et des aides qui ne viendront pas.

Alors arrivent les seconds, qui multiplient les meetings et allongent les monologues, surtout au Sahara. Le RNI a organisé fin février une énorme sauterie à Dakhla, qui a eu l’avantage de meubler un dimanche oisif dans cette ville plutôt calme. On a parlé de 4.000 présents, militants, curieux et convives compris, convives surtout… et vive les agapes nutri-politiques ! Piqué au vif,...

l’Istiqlal donne la réplique à Laâyoune où, Hamdi Ould Rachid aidant et ratissant, on dit que 50.000 personnes étaient là. Bigre, le quart de la population ! Un seul Baraka vous harangue et la ville est dépeuplée…

Ces deux partis sont aussi riches en moyens que très moyens en idées et pauvres en tribuns. Quand, dans un parti, seul le leader émerge, c’est tout le parti qui reste en marge et cela en devient lassant pour le chaland et même le passant. Il est vrai que le politburo du RNI est composé de bleus taiseux et que celui de l’Istiqlal est peuplé de personnages aussi roses que moroses.

L’élection de 2021, puisque RNI et Istiqlal semblent ne vivre que pour elle à coups d’effet de cour pour le premier, de discours pour le second et de grand-messes pour les deux, se fera pourtant sur le web et, contrairement à une idée largement répandue, les réseaux ont leurs raisons que les oraisons dérangent. Le Maroc a besoin de forces politiques qui sonnent bien et de leaders politiques qui tonnent juste, qui comprennent les mutations sociales et les évolutions sociétales, en cessant si possible de reproduire les réflexes de l’ « ancien monde » que le nouveau ne veut plus connaître.

Aziz Boucetta