MAAN, nouveau venu et volontiers OVNI de la politique marocaine
Et ce qui devait immanquablement arriver arriva… Les jeunes sont arrivés ! Quarante partis n’ayant manifestement pas présenté une offre à même de répondre à la pressante et souvent impertinente demande politique de la société, un groupe de jeunes hommes et femmes a décidé de se lancer en politique, prudemment mais sûrement. Ce mouvement, déjà politique mais pas trop encore, s’est choisi comme nom Maan (معا) et comme slogan Koulchi Moumkin (كلشي ممكن)…
En effet, tout est possible, quand on est ensemble… Pour l’instant, ces jeunes sont une trentaine seulement. Ils sont faibles et fragiles par leur effectif, mais ils sont forts par leur enthousiasme et leur volonté, et puissants par les espoirs et les attentes qu’ils suscitent au sein de la société, ainsi qu’en témoigne l’affluence le jour du lancement de leur mouvement.
Et ce jour, le 21 mars, le début du printemps, c’était une toute petite salle qui abritait ce « coming out » tenu secret, ou discret, des mois durant. Une petite salle, mais de grands espoirs… un petit groupe mais un entrain immense. Les fondateurs du mouvement, dont Zakaria Garti, Mehdi Megzari, Sara Sbaï, Salaheddine Nabirha, Hamza Hraoui, Azzeddine Soualha et d’autres, affichent une expérience cumulée, et surtout agrégée, dans le social, le politique, l’économique et l’humanitaire. Qu’ils veulent partager et employer à faire émerger ce pays qui peut le faire mais qui ne le fait pas avec son personnel politique actuel.
Il semblerait que les partis politiques ne les aient effectivement pas convaincus et surtout n’aient pas étanché leur soif – et appétit aussi – d’action et d’engagement politiques. On les comprend aisément… Alors ils ont cogité, se sont agités, ont refusé d’être étiquetés, depuis deux ans, depuis mars 2017, avant de convoquer cette conférence de lancement. Les jeunes et moins jeunes se sont donc succédés au micro, chacun se présentant, expliquant son engagement et sa vision, avant de présenter le suivant, dans une conférence qui, premier changement, n’était absolument pas ennuyeuse comme savent si bien l’être nos partis politiques.
Ils se disent volontiers politiques, puisque...
leur « mouvement est politique mais neutre, indépendant mais engagé » explique Zakaria Garti, ancien président de TIZI (Tarik Ibnou Ziyad Initiative, ci-dessous, avec nos confrères de Mowatine.com), cette pépinière de jeunes talents dont plusieurs autres se retrouvent dans Maan, comme Salaheddine Nabirha par exemple... Spécialistes des réseaux sociaux, présents dans la vie réelle, Maan a son avenir devant lui car il sot des sentiers battus des partis classiques qui tournent en rond et, souvent, tournent les gens en bourriques. Le mouvement né ce 21 mars suivra la voie de tous ces nouveaux mouvements politiques qui fleurissent dans le monde, près de nous ou plus éloignés, ces mouvements qui ont jailli dans leurs pays pour parler, vraiment, sincèrement, intelligemment, rationnellement, à leurs peuples et en leurs noms, fatigués des antiennes des partis relevant de « l’ancien monde ». Et le Manifeste (ci-contre) publié donne une idée des idées qui seront défendues par MAAN.
Pour l’instant, Maan est à Casablanca, mais il essaimera car rien ne semble rebuter nos « Maanistes ». Ni l’effort à consentir, ni l’argent à réunir ni les convictions à entretenir et les nouvelles recrues à séduire. Signe des temps, le RNI était présent à cette conférence, avec deux jeunes (tiens, tiens…) venus s’informer… ou pour informer, et dans les deux cas, c’est significatif.
Commet comptent à présent œuvrer les fondateurs de Maan ? On n’en sait rien encore, si tant est qu’ils en savent quelque chose eux-mêmes. Et c’est précisément ce qui fait leur force car ils ne s’interdisent rien, considèrent les jeunes dont ils font partie « comme la solution et non comme un problème », estiment que le Maroc est fort de son histoire et de ses institutions, mais qu’il gagnerait à relire son histoire pour s’en imprégner et à renforcer ses institutions pour s’en prémunir.
Le travail commence donc… Il est juste dommage que le logo évoque celui d’une compagnie pétrolière et que le slogan ressemble à celui d’un opérateur téléphonique. Mais cela évoluera certainement ou, considérant la volonté de ces jeunes gens, s’imposera. Bon vent et bon courage donc, à ce nouveau mouvement politique.
Aziz Boucetta
maan.ma
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