Bank Al-Maghrib : Le taux directeur reste inchangé

Bank Al-Maghrib : Le taux directeur reste inchangé

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le mardi 19 mars sa première session de l’année 2019. Lors de cette réunion, il a analysé l’évolution récente de la conjoncture économique et les projections macroéconomiques établies par la Banque pour les huit prochains trimestres. Sur la base de ces évaluations, notamment celles des trajectoires à moyen terme de l’inflation, de la croissance et des comptes extérieurs, le Conseil a jugé que le niveau actuel du taux directeur de 2,25% reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé.

Le Conseil a noté que l’inflation a terminé l’année 2018 avec une moyenne de 1,9%, tirée essentiellement par celle des produits alimentaires à prix volatils. Selon les prévisions de Bank Al- Maghrib, elle décélèrerait à 0,6% en 2019 avant de s’établir à 1,1% en 2020, portée par la hausse prévue de sa composante sous-jacente. Cette dernière, après une baisse prévue à 0,8% en 2019 atteindrait 1,4% en 2020, en lien avec l’amélioration attendue de la demande intérieure.

Au niveau international, le ralentissement de l’économie mondiale se poursuit et ses perspectives restent entourées de fortes incertitudes liées notamment aux tensions commerciales et géopolitiques, ainsi qu’aux modalités du Brexit. Aux Etats-Unis, soutenue principalement par les mesures budgétaires expansionnistes, la croissance a atteint 2,9% en 2018, mais devrait reculer à 2,1% en 2019 et à 1,6% en 2020. Dans la zone euro, elle continuerait sa décélération, passant de 1,8% à 1,3% en 2019 avant de revenir à 1,7% en 2020. Sur les marchés du travail, les conditions resteraient favorables, avec des taux de chômage bas aux Etats-Unis et en diminution dans la zone euro.

En ce qui concerne les décisions de politique monétaire, la BCE a gardé lors de sa réunion du 7 mars ses taux inchangés, en indiquant qu’elle prévoit qu’ils resteront à leurs niveaux actuels au moins jusqu’à la fin de 2019 et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire. Elle a annoncé qu’elle mènera, entre septembre 2019 et mars 2021, une nouvelle série d’opérations de refinancement ciblées à plus long terme pour assurer des conditions favorables pour les prêts bancaires et une transmission harmonieuse de la politique monétaire. Pour sa part, la FED a décidé à l’issue de sa réunion le 30 janvier de maintenir inchangée la fourchette cible du taux des fonds fédéraux à 2,25%-2,50%, en annonçant qu’elle fera preuve de patience dans les ajustements futurs de cette fourchette.

Au niveau national

Au niveau national, les dernières données publiées par le HCP indiquent un ralentissement de la progression du PIB au troisième trimestre de 2018 à 3% au lieu de 3,9% à la même période un an auparavant. Tenant compte des informations infra-annuelles disponibles, la croissance pour l’ensemble de l’année 2018 se serait établie, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, à 3,1% après 4,1% en 2017, avec une décélération de la valeur ajoutée agricole de 15,4% à 4,3% et une légère hausse du rythme des...

activités non agricoles de 2,7% à 2,9%. Celles-ci continueraient à s’améliorer, quoique lentement, leur valeur ajoutée devant augmenter de 3,4% en 2019 puis de 3,8% en 2020. Pour le secteur agricole, sur la base des données climatiques disponibles au 10mars, la Banque table sur une production céréalière autour de 60 millions de quintaux et un recul de la valeur ajoutée agricole de 3,8%. Cette dernière s’accroîtrait de 6% en 2020, sous l’hypothèse d’une récolte autour de 80 millions de quintaux. Au total, la croissance nationale resterait limitée à2,7% en 2019 avant de s’accélérer à 3,9% en 2020.

 

 

 

Les autres secteurs

 Sur le marché du travail, la situation a connu en 2018 une relative amélioration en termes de création d’emplois, avec 112 mille nouveaux postes dont 65 mille dans les services. Tenant compte d’une entrée nette de 64 mille demandeurs d’emploi, le taux d’activité a poursuivi sa tendance baissière, revenant d’une année à l’autre de 46,7% à 46,2%. Dans ces conditions, le taux de chômage a reculé de 10,2% à 9,8% au niveau national et de 14,7% à 14,2% en milieu urbain où il est resté, toutefois, très élevé parmi les jeunes de 15 à 24 ans, atteignant 43,2%.

Comptes extérieurs

Au plan des comptes extérieurs, les données provisoires de 2018 font ressortir une performance notable des exportations de biens qui a concerné l’ensemble des secteurs dont notamment les phosphates et dérivés, la construction automobile et les produits agricoles et agroalimentaires. En  parallèle, les importations ont été marquées par l’alourdissement de la facture énergétique et l’augmentation des achats de biens d’équipement. Pour les autres principales rubriques du compte courant, et après des hausses importantes en 2017, les recettes de voyage ont progressé de 1,5% à 73,2 milliards de dirhams, alors que les transferts des MRE ont reculé de 1,7% à 64,8 milliards de dirhams.

Tenant compte également d’une entrée de dons du CCG de 2,8 milliards de dirhams, après 9,5 milliards un an auparavant, le déficit du compte courant se serait creusé de 3,6% du PIB en 2017 à 5,2% en 2018. Il s’allégerait à 4,1% en 2019 et à 3,4% en 2020, sous l’effet notamment de la baisse prévue des importations énergétiques et de la décélération des achats de biens d’équipement. Cette évolution suppose également des entrées de dons des pays du CCG de 2 milliards de dirhams en 2019 et de 1,8 milliard en 2020. Pour ce qui est des opérations financières, les recettes des IDE ont atteint l’équivalent de 4,1% du PIB en 2018 et devraient revenir à 3,4% du PIB en 2019 et en 2020. Dans ces conditions et au regard des sorties prévues du Trésor à l’international, les réserves internationales nettes passeraient de 231 milliards de dirhams en 2018 à

239 milliards en 2019 avant de revenir à 236 milliards en 2020, continuant ainsi d’assurer la couverture d’un peu plus de 5 mois d’importations de biens et services.

Mouhamet Ndiongue