(Billet 56) – Bouteflika : « 40 millions d’Algériens et moi, et moi… émoi ! »

(Billet 56) – Bouteflika : « 40 millions d’Algériens et moi, et moi… émoi ! »

« J’y suis, j’y reste » était jadis la formule guerrière assénée par Mac Mahon aux Russes, et elle est aujourd’hui la pilule amère donnée par Bouteflika aux Algériens. L’homme est solidement cloué à son fauteuil, lequel est sordidement rivé au parquet du palais de la Mouradia. Les Russes avaient menacé Mac Mahon de faire exploser son fort de Malakoff, mais il vainquit. Bouteflika ignore les signes d’explosion des Algériens, et il perdra.

Durant plus d’un demi-siècle, tout avait réussi à cet homme à la verticalité réduite qui se permettait pourtant de toiser les gens de haut. Chef de la diplomatie pendant 15 ans, chef de l’Etat depuis 20 ans, conspirateur et comploteur en chef depuis toujours, l’encore président pétarade à tombeau ouvert (…) sur son fauteuil, les séquelles de son AVC l’empêchant de voir sa sortie de route prochaine.

Depuis un mois, les Algériens poussent le fauteuil et son occupant vers cette sortie, mais l’entourage prestilentiel, bedaines en avant et mental en panique, entrave les roues. La famille, au sens sicilien, et la soldatesque, au sens pénal, résistent encore et toujours à cette idée pourtant simple qui veut que quand un peuple, unanime, dénonce et s’exprime, on l’écoute. Sauf s’ils souffrent d’autisme politique, défini comme « un repli sur soi, l'absence...

de contact social ou une façon anormale d'entrer en relation avec autrui »… et autrui, en l’occurrence, ce sont 40 millions d’Algériens !

Et puisque nous sommes dans la métaphore médicale, ajoutons que si un dictateur, ou un attelage dictatorial, peut se maintenir sur son fauteuil, roulant ou pas, des années, voire des décennies, il a immanquablement une date d’expiration. Laquelle semble être arrivée, laquelle est même dépassée… sans qu’il ne le comprenne.

Ainsi, le chef de l’Etat en si piteux état s’est fendu d’un salmigondis où il confirme que c’est l’armée qui « possède » un peuple : « Un peuple qui doit prêter main forte à son armée pour préserver l'Algérie contre les dangers extérieurs ». Bigre… mais quid du danger intérieur représenté par la même… armée ? Passons.

Pendant ce temps-là, nous autres Marocains, observons avec respect et admiration… sans plaisir pour nos amis Algériens qui méritent mieux, mais avec espoir pour nous tous qui aspirons au meilleur. En novembre, la main sincèrement tendue de Mohammed VI avait été ignorée par celle, anormalement tremblante, de Bouteflika ; et aujourd’hui, c’est l’ensemble des Marocains et aussi des Tunisiens, qui regardent, attendent et espèrent, mains tendues et bras grands ouverts, leurs amis, frères, cousins, voisins… ce qu’on veut, tout ce qu’on veut… mais les Algériens.

Aziz Boucetta