Vers un accord et un report du Brexit ? Les députés votent à nouveau

Vers un accord et un report du Brexit ? Les députés votent à nouveau

Après le rejet voté mercredi par les députés britanniques d'une sortie de l'UE sans accord, les parlementaires doivent s'exprimer jeudi sur un éventuel report du Brexit ainsi que sur l'accord obtenu par Theresa May, déjà retoqué deux fois.

Theresa May persiste. La Première ministre britannique est décidée à faire passer au forceps l'accord de divorce qu'elle a négocié avec l'Union européenne. Elle va proposer jeudi 14 mars aux députés de voter une troisième fois sur ce texte qu'ils ont déjà retoqué à deux reprises. À quinze jours de la date théorique du Brexit, une motion gouvernementale sera également débattue à la Chambre des communes, proposant un court report du Brexit, théoriquement prévu le 29 mars, jusqu'au 30 juin, à la condition que les députés approuvent l'accord d'ici mercredi 20 mars.

Si l'accord est recalé à nouveau, alors le report devra aller au-delà du 30 juin et impliquera que le pays organise des élections pour le parlement européen en mai, précise la motion.

« Une courte extension technique ne sera offerte que si nous avons un accord en place », a averti mercredi soir Theresa May devant des députés très divisés et incapables jusqu'à présent de dégager une majorité sur la voie à suivre avec le Brexit.

La dirigeante conservatrice ne cache pas sa préférence pour un court report, afin de mettre enfin en œuvre le résultat du référendum qui a vu les Britanniques choisir à 52 % de quitter l'UE après 46 ans d'un mariage sans amour.

Malgré les échecs cuisants qu'elle a essuyés ces derniers mois, qui ont réduit son autorité presque à néant, elle espère parvenir à ses fins, en jouant sur la lassitude des parlementaires et l'inquiétude des eurosceptiques que le Brexit ne finisse par ne jamais se produire s'ils ne la soutiennent pas.

Le vote organisé jeudi après-midi constitue le troisième épisode parlementaire d'une semaine cruciale pour le pays qui, après avoir voté en juin 2016 pour quitter l'Union européenne, ne parvient pas, près de trois ans plus tard, à se décider sur les conditions de ce départ.

L'Union européenne inflexible

L'UE a souligné qu'une demande de report devait être justifiée et...

acceptée à l'unanimité par les 27 pays de l'UE.

« Si un délai additionnel était demandé, il faudrait alors qu'on nous explique pour quoi faire (...) Ce ne peut être pour renégocier un accord que nous avons négocié durant de nombreux mois et dont nous avons dit qu'il n'était pas renégociable », a déclaré en écho mercredi le président français Emmanuel Macron

« La négociation, elle est terminée », a aussi réaffirmé le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit Michel Barnier. Ajoutant: « Le Royaume-Uni doit nous dire ce qu'il veut pour notre relation future ».

Des propos qui s'apparentent à un appel du pied pour que « les Britanniques changent leur modèle de Brexit », a analysé Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman. C'est à dire qu'ils optent pour « un Brexit doux inspiré du modèle norvégien » au lieu de vouloir sortir du marché unique, ou qu'ils se dirigent vers une annulation du Brexit, a-t-il dit.

Ce que la dirigeante conservatrice refuse d'envisager pour sa part.

Le No-Deal reste la solution par défaut

Même si le Parlement l'a rejeté mercredi, le Brexit sans accord reste une option par défaut, si aucun autre terrain d'entente n'est trouvé. En cas de « no deal », le Royaume-Uni mettrait fin, du jour au lendemain, à 46 ans d'appartenance à l'UE, quittant le marché unique et l'union douanière sans période de transition.

Ce scénario redouté par les milieux économiques causerait d'importantes perturbations dans les échanges entre le Royaume-Uni et l'UE. De nombreux députés s'élèvent contre une telle issue, mais certains fervents défenseurs du Brexit jugent qu' «une absence d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord ».

Pour atténuer une rupture brutale, le gouvernement a annoncé mercredi qu'il supprimerait temporairement les droits de douane sur 87 % des importations.

Un nouveau referendum ou des législatives pour trancher ?

L'option d'un second référendum est réclamée par quelques dizaines de parlementaires europhiles. Le chef de l'opposition, le travailliste Jeremy Corbyn, lui a récemment apporté son soutien, mais du bout des lèvres.

Theresa May refuse d'envisager une nouvelle consultation des Britanniques, ce qui signifie qu'il faudrait un report du Brexit couplé à un changement de gouvernement ou à de nouvelles élections pour qu'elle ait lieu.

Agence