Zoom n°6 : 8 mars, jour de contrition

Zoom n°6 : 8 mars, jour de contrition

« Car d’instinct celui qui souffre cherche toujours une cause à sa souffrance ; plus exactement un auteur, plus précisément un auteur coupable, susceptible de souffrir, - bref, un être vivant quelconque sur lequel il puisse décharger ses affects en effigie ou en réalité, sous n’importe quel prétexte. […] « C’est bien la faute à quelqu’un si je vais mal » - cette sorte de raisonnement est propre à tous les maladifs, et d’autant plus que la véritable cause de leur déplaisir, la cause physiologique, leur demeure cachée ». Nietzsche)

 Au début, il a été utilisé pour rappeler toutes les batailles menées par les femmes dans les domaines social, économique et politique et pour maintenir l'attention sur la violence et la discrimination qui ne peuvent être considérées comme dépassées.

Un jour qui a des origines américaines, il existe aux États-Unis depuis 1909 et en Italie depuis 1922 et est donc né avec une fin noble et loin de la connotation consumériste dans laquelle il s'est transformé. C’est dans ce contexte que la Journée de la femme n’a plus de sens, car il ne faut certainement pas une date de célébration pour se sentir Femme.

Si vous le voyez sous un autre angle, le 8 mars n'est pas un jour de fête, mais une fête pour les femmes qui essaient avec force et courage à obtenir les mêmes droits que les hommes, donc la parité des sexes, égalité au travail et ainsi de suite.

Pourquoi le 8 mars ? C’est maintenant une version fantaisiste qu’à cette date un incendie soit rappelé dans une usine de New York, où cent femmes sont mortes. La honte était bien sûr là, mais le 12 mars et surtout de nombreuses années après la célébration de la Journée de la femme.

En réalité, la Journée de la femme aux États-Unis est née quelque temps après le VIIe Congrès de la IIe Internationale socialiste, tenu à Stuttgart du 18 au 24 août 1907.

De toute évidence, il n’y a pas eu - jusqu’à présent- de transformation majeure, si ce n’est la prise de conscience du pouvoir des femmes. Les batailles et les manifestations ont commencé jusqu'à la célébration du premier jour des femmes le 28 février 1909.

Le choix du 8 mars est d’origine russe. À cette date, en 1917, à Saint-Pétersbourg, les femmes se sont rassemblées dans une grande manifestation pour revendiquer leurs droits et la fin de la guerre, un appel inouï qui a conduit à la révolution russe. Là, un signe important, mais qui sera vite dévoyé laissant la place à un rituel. Dans ce rituel, c’est la fête de la fête. On ne célèbre plus le courage et la détermination des femmes, à tel point que très peu de personnes savent exactement ce dont


elles fêtent. Fleurs, cadeaux, dîners, conférence, débats ne représentent pas le véritable esprit d’un jour où l’on se souviendra du sacrifice de nombreuses femmes.   

« La Femme c’est un groupe de rock et je ne crois pas qu’ils n’aient déjà une journée rien que pour eux, si ? Ça ne veut rien dire 'journée de la femme, on n'est pas sous serre le reste de l’année à ce que je sache ! » ironise Océane Rose Marie, comédienne, chroniqueuse sur France Inter et féministe, qui préconise donc l'utilisation de « Journée Internationale des droits des femmes », comme toutes les autres personnes interviewées. Parler de « La femme » comme si toutes les femmes étaient une entité à part entière est quelque chose « d'extrêmement réducteur », selon Clara Gonzales, l'une des créatrices de Macholand qui rappelle que « nous ne sommes pas une minorité, nous sommes la moitié de l'humanité ».

Le 8 mars, est devenu un spectacle dans lequel le genre masculin s’attribue chaque faute et chaque crime commis au cours de l'histoire, chaque crime commis dans le présent et chaque crime qui sera inévitablement commis à l’avenir. C'est le jour où le nouveau symbole sacré venu (encore) de l'Occident est exalté de manière schizophrénique, à savoir la « Femme », un symbole utilisé pour justifier les guerres (de genre) chez nous et (impérialiste) dans les pays « ennemis ».

Le 8 mars, les hommes regretteront d’être des hommes et s’excuseront pour les crimes des autres, tout en espérant emmener certaines au lit, peut-être. Les plus malchanceux n'essaieront même pas cette approche, ils écriront simplement dans leur blog ou compte Facebook un petit article glabre et gras dans lequel ils répéteront le rite de l'auto-flagellation masculine (la « maladie masculine du mépris de soi », a déclaré Nietzsche) et de l'exaltation religieuse de toutes les femmes, puis attendant avec impatience qu'une pauvre femme vienne sur leur tribune et rédige un commentaire du genre « quelles belles paroles, tu es un vrai homme ... ». Ces pauvres gens se contenteront d'une « tape sur l'épaule » virtuelle, un rien qui les satisfera pendant quelques minutes et leur fera croire qu'ils ont obtenu d'autres « points de fidélité » envers le genre féminin.

Les femmes, en revanche, louent sans cesse, sans se salir un peu (les seules créatures autorisées à le faire sans être accusées de souffrir d'une forme très grave de mégalomanie) et continueront dans l'intervalle affirmant être discriminée. En bref, le délire habituel d’une société schizophrénique, d’une société tellement obsédée par les femmes qu’elle a atteint le point de névrose de masse.

Et tout ce théâtre de l'absurde n'aura pour fondement qu'un grand mensonge. C'est vrai, car tel un rituel, l'histoire qui est répétée chaque 8 mars par tous les journaux, la télévision, la radio et une armée de blogueurs sorte de moutons de panurge, n'est qu'un mensonge.

Mouhamet Ndiongue