(Billet 47) – « One, two, three… rira l’Algérie ! »

(Billet 47) – « One, two, three… rira l’Algérie ! »

Désormais, chez nos voisins, le fameux cri de guerre « One, two, three, viva l’Algérie ! » s’est transformé en « One, two, three, rira l’Algérie ! ». Oh, la joie n’est pas encore vraiment de mise, mais la bonne humeur est là. Les Algériens ont vaincu leur peur, en attendant de (con)vaincre ceux qui la leur inspirent, ce qui ne saurait valablement tarder... Nos amis Algériens disent aujourd’hui que la peur a changé de camp, et de fait, elle est dans un camp militaire.

Une révolution sanglante et une guerre civile sanguinaire ont eu raison, croyaient les généraux, de la volonté de liberté de tout un peuple. Grave erreur. Depuis, les choses ont évolué, pouvant devenir comiques si elles n’étaient pas, quand même, tragiques… Le président, en soins très intensifs voire définitifs à Genève, tient absolument à rouler vers un 5ème mandat, en dépit de l’immense et monumental NON populaire. M. Bouteflika a connu l’état de grâce, puis de disgrâce, avant de finir au Val de Grâce, et de n’en plus finir à Genève !

Pris de court, les généraux aussi galonnés que ballonnés ont trouvé un Eurêka!, digne du délicieux al Manchar* : « Il se présente, mais comme il est malade, complètement malade, il n’achèvera pas son mandat… Il promet de mourir ou, à défaut, d’organiser une élection anticipée juste quand nous aurons trouvé un plan B, pas comme Bouteflika ». C’est en même temps trop et pas assez…

Trop, car la casernocratie reconnaît qu’il y a...

crise, admet que le FLN est aujourd’hui Fichu, Laminé, Néantisé, en dépit des rodomontades du peu riant Gaïd Salah venu faire une bafouille menaçante, l’air grave, le propos comminatoire, en grand uniforme vert de général uniforme et vert de peur, mettant en garde contre le chaos. Tout de suite les grands maux… Et en même temps pas assez, car ce que veulent les Algériens, c’est un président debout, des généraux au garde-à-vous et une démocratie de bout en bout.

Que demande le peuple d’Alger, d’Oran, de Constantine et d’ailleurs ? Sa dignité perdue, une liberté oubliée, et de l’équité si possible. Comment le demande-t-il ? Avec humour, créativité et civisme, rejetant le suivisme souhaité par les galonnés. En Algérie, aujourd’hui, le peuple a ouvert sa boîte à gifles à cadence rapide, clame son ras-le-bol et proclame sa volonté de vivre normalement… car quand l’armée détient un Etat, ce n’est pas normal.

En Algérie, le peuple est éduqué et lit. Il lit même beaucoup (un seul quotidien là-bas a autant de lecteurs que l’ensemble des ventes au Maroc par jour !). Aujourd’hui, ce peuple a décidé d’en avoir marre, tout en se marrant. Les généraux et M. Bouteflika en sont marris, mais n’ont pas encore compris.

Amis Algériens, le monde vous regarde, les voisins vous applaudissent… et le Maghreb frémit d’impatience !

Aziz Boucetta

* el-manchar.com est un site d'informations fausses et complètement saugrenues, comme il se définit lui-même.