(Billet 32) – Banco pour Benky !

On sait que l’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue singulièrement… On raconte que l’argent est sale, mais il permet de vivre proprement…. On pense que l’argent est roi, mais il asservit ceux qui en ont beaucoup. En gros, l’argent est fort utile, sauf qu’il ne faut ni s’y montrer trop sensible ni le rendre ostensible, surtout quand on est un homme politique. C’est l’erreur, une de plus, qu’a commise l’ancien chef du PJD et du gouvernement, l'éruptif Abdelilah Benkirane, qui s’est lui-même empêtré dans son histoire de fric.

Voici les faits… Abdelilah Benkirane bénéficie d’une retraite de 70.000 DH net par mois, une retraite complémentaire, une retraite unique (il faut le dire), décidée par le roi, relayée par le chef du gouvernement Elotmani, mise en œuvre par le grand argentier Benchaâboune. Tout cela par écrit, tout cela fort réglo. Question : M. Benkirane est-il dans son droit, moral et matériel ? Oui, mille fois oui ! Un ancien chef de gouvernement a, par essence, servi son Etat, donc son pays. L’a-t-il bien fait ? Mal fait ? Les médias analysent, les réseaux sacralisent ou diabolisent, mais c’est l’Histoire qui le jugera au final, une fois que le concerné aura décidé de sortir de la politique pour y entrer… Mais l'heure n'a semble-t-il pas encore sonné !

Toujours est-il qu’un Etat digne de ce...

nom doit prendre soin d’une personne qui a servi, doit conserver sa dignité à un ancien commis… à sa population aussi, mais cela est une autre affaire. M. Benkirane a servi hier, M. Benkirane doit être servi aujourd’hui.

Mais s’il ne s’est pas roulé par terre pour l’obtenir, cette confortable pension, il a en revanche voulu rouler tout le monde dans la farine après qu’elle fût révélée. On peut même se demander pourquoi cela a-t-il été dévoilé pour lui, alors que rien n’a été dit sur ses prédécesseurs… La réponse est simple : les anciens se taisent, et s’ils parlent, ils ouvrent la boîte de Pandore. Et M. Benkirane a pour le moins un rapport particulier à l’argent. Il en parle beaucoup, il en parle trop.

Alors on le suit, on traque ses contradictions, on apporte des révélations, y ajoutant même, souvent, un zeste d’exagération. En multipliant les sorties filmées chez lui, l'invective collée à la lippe, et en enchaînant les live funéraires, il en fait toujours trop mais, pris dans des sables mouvants, il s’enfonce à chaque pas, même en claironnant son désintéressement… de l’avis même de ses amis du PJD.

Abdelilah Benkirane avait débuté sa carrière par la grâce de Dieu, il est en train de l’achever, et de s’achever lui-même, dans la disgrâce de tous.  Et pourtant il le mérite, son royal pécule.

Aziz Boucetta