Abdelilah Benkirane, le pensionné malgré lui…
Pension, pas pension… Depuis un mois, un débat fait rage sur une pension de retraite dont l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane serait bénéficiaire. On sait aujourd’hui qu’il perçoit une retraite de 70.000 DH que le roi Mohammed VI lui a attribuée. Mais cette affaire n’en finit plus de faire parler d’elle.
Disons-le clairement. Il est inadmissible qu’un ancien chef du gouvernement puisse vivre dans le besoin… il est même inacceptable qu’il ne vive pas dans l’aisance. Un homme qui a occupé d’aussi hautes et éminentes fonctions, dépositaire de secrets d’Etat, doit pouvoir vivre décemment, à l’abri du besoin et des contingences matérielles. Il est donc tout à fait naturel, et légal, que M. Benkirane bénéficie d’une pension de 70.000. C’est la manière qui pose problème.
Durant toute sa vie politique, M. Benkirane a fait de son intégrité, de sa probité, de son honnêteté, une règle de vie. Il a tellement dit et redit que finalement, les gens l’ont cru. Rien de plus normal qu’il soit gêné aux entournures quand a été révélée sa pension de 70.000 DH, bien que, répétons-le, il y ait droit.
Quand on parle beaucoup, on oublie forcément… et quand on s’exprime beaucoup, on se contredit nécessairement. Après avoir dit qu’il avait renoncé à sa retraite parlementaire, M. Benkirane vient de reconnaître qu’il l’a touchée durant les 8 mois qui sont suivi son éviction de la présidence du...
gouvernement. Et après avoir dit pis que pendre des retraites des anciens ministres et des parlementaires, le voilà aujourd’hui contraint d’admettre qu’il bénéficie de 70.000 DH.
Il a beau dire, rejeter, démentir, insulter, fulminer, le fait est là : il touche sa retraite de 70.000 DH. Alors il multiplie aujourd’hui les vidéos et les live, pour expliquer qu’il est un honnête homme. Nul n’en dout…, ce qu’on lui reproche est sa logorrhée récente. Et dans cette logorrhée, une longue vidéo, puis une autre, et deux live funéraires, en une semaine…
Dans une vidéo postée dimanche 10 février, et d’une durée d’une dizaine de minutes, M. Benkirane s’en prend encore à ses détracteurs, l’éditeur d’al Akhbar Rachid Niny en l’occurrence, qui a publié en Une et en page intérieure les copies des documents signés de Saadeddine Elotmani et de Mohamed Benchaâboune, respectivement chef du gouvernement et ministre des Finances, décidant de lui octroyer sa pension, et précisant qu’il s’agit d’une pension complémentaire de celle qu’il a déjà, ou qu’il aurait.
La pension gouvernementale est complémentaire, dans le sens où le montant concerné est un maximum de revenu. Si l’intéressé gagne cette somme ou plus, l’Etat ne lui verse rien ; dans le cas contraire, il lui complète jusqu’à la somme indiquée.
M. Benkirane aurait simplement pu l’expliquer, sans insulter…. Et à force de hurler son intégrité financière, on finira par douter de sa probité morale.
Aziz Boucetta