Jeudi 7 février, l’agence Associated Press a publié une information selon laquelle le Maroc aurait rappelé son ambassadeur à Ryad. Tout le monde en parle alors… et deux jours après, le ministre marocain des Affaires étrangères affirme à l’agence russe Sputnik que tout cela est faux, et que le Marc n’a pas rappelé ses ambassadeurs à Ryad… et à Abu Dhabi.
Les relations avec Ryad sont très froides depuis au moins un an et demi, depuis la crise diplomatique dans le Golfe. Ryad aurait reproché sa neutralité au Maroc, Ryad aurait peu apprécié l’aide apportée par Rabat à Doha sous blocus, et Ryad n’aurait pas accepté que le chef de l’Etat marocain se rende sur les terres qataries. On remarquera le conditionnel…
Puis Ryad a torpillé, et ce n’est pas au conditionnel, la candidature marocaine pour le Mondial 2026, et ensuite la chaîne télé saoudienne al Arabiya, qui se veut concurrente d’al Jazeera, a publié un reportage sur le Sahara, franchissant une ligne rouge que le Maroc ne saurait tolérer. Avec les Emirat Arabes Unis, dirigés par un homme bien plus stable que le prince héritier saoudien, c’est un alignement diplomatique sur Ryad.
Voilà où, globalement, en sont les choses aujourd'hui.
Ce samedi, Nasser Bourita a parlé à l’agence russe Sputnik, lui disant ceci : « Le Maroc a des canaux particuliers destinées à annoncer de telles décisions. A travers son histoire, la diplomatie marocaine a toujours exprimé ses positions par ses propres moyens et non via une agence de presse américaine, comme ceci a été véhiculé par un certain nombre de médias », affirmant en outre qu'il s'agit d'une information non justifiée et infondée, n'émanant pas d'un officiel.
L’ambassadeur du Maroc en Arabie saoudite a-t-il été rappelé en consultation ou non ? Et celui aux Emirat Arabes Unis, dont personne n’avait parlé avant M. Bourita ? Ce dernier a parlé de canaux et de moyens de la diplomatie marocaine pour faire passer ces messages. Soit. Lesquels ? Al Jazeera pour annoncer que la politique marocaine a changé ? L’AP, pour dire ou faire dire, très officieusement, ce qui ressemble et colle plutôt à la réalité ? Sputnik, pour démentir ce qui n’a jamais été annoncé ?
A supposer que l’on admette que la presse marocaine est définitivement bannie pour toute information sérieuse – pour les rencontres bilatérales de M. Bourita, en revanche, les médias marocains sont copieusement sollicités –, on peut se demander si la MAP fait partie de « ces canaux et moyens »…
Dans l’attente, pour une question aussi importante au sein de l’opinion publique que les relations entre le Maroc et l’Arabie saoudite, ce sont AP et Sputnik, peut-être aussi un peu demain l’AFP ou EFE, qui sont à la manœuvre. Rompez le ban.
Aziz Boucetta
