(Billet 16) - Milliardaires, populisme et politique

(Billet 16) - Milliardaires, populisme et politique

26 milliardaires sont plus riches que de la moitié la plus pauvre de l’humanité, hurle l’ONG Oxfam. Fichtre, tant d’argent entre si peu de mains ! L’iniquité et les inégalités dans toute leur splendeur, ou horreur. Il est normal, face à ce constat, de voir les peuples se soulever ici et là, de plus en plus et de plus en plus vite. Sauf que…

… sauf que, cela reste un effet d’annonce d’Oxfam ! L’ONG aurait pu aussi aller jusqu’aux 4/5 de l’humanité avec une centaine de milliardaires. Mais ces milliardaires, combien de personnes emploient-ils, combien d’impôts paient-ils, même en comptant les « optimisations fiscales » ? … et même avec ces niches d’impôts, les milliardaires, s’ils gardent de l’argent par devers eux, c’est pour l’investir et non pour épargner ou thésauriser… à ce niveau, on ne raisonne pas en bas de laine mais en investissements pérennes.

Ensuite, on commence de plus en plus souvent à imputer les maux de la terre aux milliardaires… Oxfam dit que cette richesse des riches « agrandit le fossé avec les pauvres et alimente la colère dans le monde ». Soit, mais à bien scruter, ce n’est pas l’opulence de quelques-uns, chose qui a toujours existé, qui nourrit les rancœurs, mais plutôt le populisme qui cible les grands patrons, unanimement dénoncés comme voraces au


mieux, rapaces au pire. Le marketing facile de l’argent pourri, pour dégager des concurrents potentiels…

Si les peuples se soulèvent aujourd’hui, ou au moins manifestent leur mauvaise humeur, ce n’est pas à cause des milliardaires, mais en raison des politiques qui gèrent mal les maigres ressources des Etats pour répondre aux immenses besoins des peuples. Et qui peinent contre la corruption.

Cela étant, les riches ne dénotent pas aujourd'hui par leur existence, mais par leurs ambitions politiques, tant il est vrai que les réseaux sociaux et l’argent font très bon ménage dans une élection. Ce qu’ils ont parfaitement saisi ! Jusqu’à récemment, les milliardaires achetaient les journaux et s’en suffisaient, puis est venu le tour des télés, et ça suffisait encore. Aujourd’hui, en plus de cela, il se shootent à la politique et vont aux réseaux sociaux où, avec de l’argent, on peut tout gagner, destin national compris. Les cas de MM. Trump, Babis (république tchèque), Piñera (Chili), Porochenko (Ukraine) et d’autres sont éloquents, sonnant et trébuchant… en attendant Mark Zuckerberg !

La nouveauté des milliardaires est donc dans leur influence politique grandissante et aussi dans leur propension à chevaucher à la conquête de ces lieux de pouvoir que sont les médias et les réseaux. Et ce n'est pas plus mal, si tout cela est encadré...

Aziz Boucetta