(Billet 10) - Nouvel An amazigh ? Non, c’est juste pour rire…

(Billet 10) - Nouvel An amazigh ? Non, c’est juste pour rire…

Personne, ou presque, n’avait rien demandé, en 2011, quand la langue amazighe avait été déclarée langue officielle par la constitution. Seuls les passionnés de la culture et les férus de l’histoire et de la culture avaient réclamé la consécration de cette langue. Fort bien, mais alors pourquoi, depuis, avons-nous cette vague impression d’hésitation de la part du pouvoir politique pour mettre en œuvre cette disposition constitutionnelle ?

 « L'arabe demeure la langue officielle de l'État, (…) en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception ». Tous ? non, un quarteron d’arabophiles résiste encore et toujours à l’envahisseur (quoique, pour l’histoire, ce sont les Arabes qui furent envahisseurs sur une terre originellement amazighe, il y a longtemps il est vrai…).

Et donc, cet article 5 de la constitution, adoptée à la quasi-unanimité des (très nombreux) votants le 1er juillet 2011, pose l’amazigh en tant que langue officielle. Le 30 septembre 2016, une semaine avant la fin de son mandat, le gouvernement Benkirane avait déposé le projet de loi organique au parlement, donnant davantage le sentiment de vouloir s’en débarrasser que par réelle conviction. Depuis, de commission parlementaire en sous-commission paritaire, d’atermoiements...

divers en joutes viriles, de mises en garde culturelles en garde-à-vous idéologiques, c’est dire si le tout s’annonce foireux. On oserait même croire que l’article 5, c’était pour rire…

Et pourtant, la science a montré que le génome marocain est à stricte majorité amazigh. Et pourtant, aussi, beaucoup de dirigeants politiques sont amazighs, MM. Elotmani, Akhannouch, Sajid, Laenser… et bien d’autres responsables ici et là. Mais personne n’ose parler de l’amazigh. Courageux mais pas téméraires… Au crédit toutefois de Saadeddine Elotmani, le fait d’utiliser la langue amazighe à chaque occasion qu’il peut, et au crédit d’Aziz Akhannouch également, le fait de clairement exprimer ce besoin d’amazighité dans ses discours et d’avoir solennellement « réveillonné » à Nador avec le RNI.

Alors, pourquoi ne pas aller plus vite, plus haut, plus fort ? Pourquoi, a minima, ne serait-ce que pour faire plaisir, ne pas décréter le Nouvel An amazigh jour férié ? Les Algériens, malgré quelques imbéciles barbus et barbants brandissant leurs fatwas, l’ont fait. Pourquoi pas nous ?

Le faire nous permettrait, à nous Marocains, de mieux nous souvenir de ce que nous sommes vraiment, historiquement, culturellement et génétiquement, d’abord des Amazighes. Sans rire.

Aziz Boucetta