Merci M. Blatter pour votre soutien, mais le Maroc fera sans…, par Aziz Boucetta
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- 22 février 2018 --
- Opinions
Dans un contexte d’errements au sein de la FIFA sur les possibilités de promotion de leurs dossiers par les deux candidatures pour l’organisation du Mondial 2026, Joseph Sepp Blatter surgit subitement des bois, et se rappelle à notre souvenir. Par un tweet, l’ancien président de la FIFA met les pieds dans le plat en soutenant publiquement la candidature marocaine. Le Maroc n’en a pas besoin, et ne saurait en être fier.
Joseph Sepp Blatter ne pouvait pas rêver mieux, en plein tâtonnement des nouveaux dirigeants de la FIFA, eux-mêmes sous pression de leurs propres règlements. L’ancien faiseur de rois et de lois du football mondial s’est fendu d’un tweet ce jeudi… officiellement pour soutenir le Maroc, mais très certainement aussi, et surtout, pour solder ses comptes avec ceux en qui il voit ses « bourreaux », en l’occurrence les Etats-Unis et la FIFA.
M. Blatter est l’ancien président de la FIFA de 1998 à 2015. En juin de cette année-là, il avait démissionné, ou plutôt avait été démissionné, suite à une série de scandales dont il avait été jugé responsable, voire coupable… Une série de turpitudes, aussi longue que son règne de 34 ans aux commandes de la FIFA (secrétaire général, puis directeur exécutif, et enfin président) : abus de position dominante, conflits d'intérêt, gestion déloyale, corruption, abus de confiance (puis plus tard harcèlement sexuel)... Il avait ensuite écopé d’une sanction de 6 ans de suspension de toute activité dans le domaine du football et environ 49.000 euros d’amende. Sans préjudice pour d’autres poursuites pénales à venir !
On dit que les Etats-Unis avaient œuvré à sa chute, et que leur justice newyorkaise avait été le bras séculier d’une vengeance de la première puissance du monde, en raison du fait que Blatter avait préféré le petit Qatar à la Grande Amérique pour le Mondial 2022. On dit beaucoup de choses, mais les faits sont là, et ils sont généralement têtus : une brochette de dirigeants du football mondial avaient été judiciairement malmenés, Blatter compris, et personne ne les avait défendus. Pourquoi ? Parce qu’ils
ne sont pas tout à fait nets, pour rester correct.
Le Maroc a été candidat quatre fois pour l’organisation d’un Mondial, et ces quatre fois, Blatter avait dit les mots les plus gentils et les plus mielleux en faveur des différents dossiers présentés et défendus par le royaume. En parallèle, et en coulisses, il œuvrait pour les adversaires du Maroc, tantôt par la ruse, tantôt par l’argent, comme cela a été indiqué dans les rapports d’enquête judiciaire concernant l’attribution du Mondial 2010 à l’Afrique du Sud. « Sepp » Blatter ne devrait pas se prononcer aujourd’hui pour notre candidature.
Joseph Blatter a été condamné à huit ans de suspension de toute activité liée au football, ramenés plus tard à six ans. Il ne doit donc pas se prononcer sur la candidature à un Mondial. Prendre appui sur cette déclaration d’un homme ayant accumulé tant de turpitudes ne serait pas une bonne chose pour le Maroc.
On se souvient qu’à l’aube des années 2000, Joseph Blatter avait brandi deux lettres, l’une du défunt Hassan II et l’autre du tout nouveau roi Mohammed VI. Avec des trémolos dans la voix, il avait donné lecture à ces lettres, disant son émotion, clignant des yeux, lèvres tremblantes, ou presque… mais sourire rusé et carnassier démentant le tout. Cela n’avait pas empêché l’ancien président de la FIFA d’attribuer le Mondial à l’Allemagne. Choix logique car nous n’étions pas prêts, mais on retiendra la fourberie de l’homme.
En fait, en réalité et en clair, Blatter joue sa propre partition. L’homme est revanchard, et son soutien pour le Maroc n’est rien d’autre que l’expression de sa rancœur contre les Etats-Unis. Et ce soutien a attiré toute sortes de quolibets et d’accusations de pots-de-vin contre le Maroc, comme on peut le voir dans les réactions au tweet de Blatter.
M. Blatter, merci pour votre soutien, mais le Maroc fera sans… Il n’en a pas besoin. Son dossier parle pour lui. Il obtiendra l’organisation du Mondial 2026, sans votre aide et fort de ses atouts… ou il ne l’obtiendra pas, à la régulière, en s’inclinant devant la force du dossier adverse.