Habib Belkouch : "Ainsi est l'état du PAM après le départ d'el Omari"

Habib Belkouch : "Ainsi est l'état du PAM après le départ d'el Omari"

C’est Habib Belkouch, membre du Bureau politique du PAM, qui succède à Ilyas el Omari à la tête du parti, neuf ans après la création du PAM et un an et demi après l’élection à son secrétariat général d’el Omari. Dans cet entretien avec Mowatine.com, Belkouch dit tout, sur sa conception de la gestion du parti, sa vision pour l’avenir après avoir dressé un état des lieux, les relations avec le PJD et le RNI, et aussi la responsabilité du PAM et d’el Omari dans les événements du Rif…

Avez-vous effectivement pris les rênes du PAM après qu’Ilyas el Omari soit parti et qu’il vous ait confié la gestion de votre parti, dans l’attente de la tenue du Conseil national ?

Nous pouvons aujourd’hui, oui, réfléchir à la feuille de route de cette étape transitoire de la vie du PAM, après que j’aie commencé les consultations avec mes pairs du Bureau politique et avec la présidente du Conseil national Fatima-Zahra Mansouri, pour fixer un programme dont les grandes lignes étaient déjà tracées, car le parti entame dès à présent une nouvelle dynamique.

Il est en effet important de bien penser cette phase après concertation avec les membres dirigeants. Mais en même temps, il faut poursuivre les points prévus dans le programme, comme la tenue des congrès régionaux dès le début de septembre, en plus du travail d’évaluation qui devrait être prêt dans quelques semaines, en perspective de la réunion du Conseil national dont la date sera fixée par sa présidente.

Certaines personnes pensent que la démission d’el Omari doit obtenir l’aval du Conseil  national, alors même qu’elle semble irréversible…

Lui, Ilyas, dit tenir à sa décision et il m’a confié les rênes du parti, partant de ses prérogatives qui lui permettent de déléguer ses pouvoirs à tout membre du Bureau politique pour gérer une étape particulière, conformément à l’article 40 des statuts du PAM.

Fort bien… Vous êtes en train de préparer une évaluation de neuf ans d’existence du PAM, mais ferez-vous également cette évaluation de l’année et demi de direction d’Ilyas el Omari ?

Il faut savoir qu’un tel travail d’évaluation se fait dans la globalité, y compris les derniers 18 mois de la direction d’el Omari. L’objectif est de tirer les leçons adéquates de la période passée. Les différentes étapes d’évaluation de l’action du PAM étaient déjà programmées, avant même la démission du Secrétaire général, et cette décision entre dans ce cadre…

(L’interrompant) Mais El Omari a dit qu’il assumait la responsabilité de l’investiture des candidats aux législatives et avant aux communales/régionales… Ne lui imputez-vous pas également et à votre tour cette responsabilité ?

Il a effectivement affirmé cela, mais cette responsabilité est collective et concerne tous les dirigeants de cette phase de la vie du PAM. Il existe bien des divergences d’opinion sur tel ou tel autre point, et c’est ce qui justifie le refus de la démission par les membres du Bureau politique.

Mais si, par ailleurs, Ilyas el Omari a déclaré assumer sa responsabilité dans les investitures accordées ici et là, il n’en faut pas pour autant oublier les bons résultats électoraux engrangés par le parti, et qui l’ont placé en bonne position dans la carte politique nationale…

(L’interrompant) Mais Ilyas el Omari avait fait le pari de hisser votre parti en tête des formations politiques nationales, « jouant le tout pour le tout » et dans la logique du « ça passe ou ça casse »… Et comme le PAM n’a pas obtenu la pole position, on peut alors parler de défaite ou, à la rigueur, de « victoire à la Pyrrhus »…

En réalité, le PAM était allé aux élections avec l’objectif de les remporter, ce qui est l’ambition de tout parti qui ambitionne de gérer la chose publique dans un pays. On ne peut lancer une bataille électorale qu’avec un moral élevé et un mental de champion qui n’envisage jamais l’échec.

Nous avons donc fixé un plafond que nous n’avons pas atteint mais cela nous a néanmoins permis de nous imposer sur la scène politique nationale et de multiplier par deux et plus notre effectif parlementaire d’une législature à l’autre, de même que celui de nos élus locaux et régionaux.

Si les choses sont prises sous cet angle, nous pourrions alors difficilement parler de défaite.

Si nous ne pouvons parler de « victoire à la Pyrrhus », nous pouvons appréhender la décision d’Ilyas el Omari comme « une révocation aux allures de démission » en cela qu’il avait passé un marché avec l’Etat, ou du moins qu’il lui a proposé une offre consistant à affaiblir le PJD. Mais à l’inverse, ce qui s’est produit est un net renforcement du PJD, qui a montré qu’en réalité Ilyas el Omari a échoué dans sa mission de couper les ailes du parti islamiste…

C’est vous qui dites cela, c’est votre lecture propre car j’ignore tout de ce marché dont vous parlez. Si deal il y a eu, seul El Omari peut vous en parler. En revanche, le PAM, depuis sa création, a défendu et porté le projet politique consistant en la défense de la démocratie et de la modernité. Si nous retenons cette idée, nous pouvons alors soutenir celle que l’échec n’est pas celui du seul PAM car la société est traversée par des courants démocratiques et modernistes qui doivent tous soutenir notre combat.

J’estime que le PAM a un rôle primordial dans cette étape, laquelle a commencé depuis sa création et se poursuit encore aujourd’hui. Cela a permis au PAM d’imposer sa présence, à travers le nombre important d’électeurs qu’il a su séduire et qui ont plébiscité son projet et le nombre d’élus qui ont pu porter haut ses idées, montrant qu’il fait honneur à son projet de départ. Mais, bien malheureusement, nous constatons un reflux des autres composantes de cette approche sociétale.

Cela étant, nous restons insatisfaits de ces résultats obtenus et à l’avenir, nous aspirerons à les améliorer.

Maintenant que la page est tournée, il reste l’héritage d’Ilyas el Omari. Sa gestion, dit-on, était axée autour de sa personne, et s’est montrée absolutiste voire autoritaire. Il a concentré ses efforts autour des « Rifains » comme l’ont soutenu plusieurs dirigeants du parti à l’image d’Abdellatif Ouahbi. Comment pensez-vous gérer ce legs ?

Si nous voulions partir de ce postulat, nous dirions que c’est un élément historique du PAM, que nous ne traiterons pas beaucoup, de même que nous n’aborderons pas l’approche communautaire ou régionale au niveau de la direction du parti. Je pense que si nous rentrons dans cette logique, nous n’avancerons pas vraiment. Nous devrons plutôt réfléchir au « type » d’approche qui pourrait servir le projet du parti, qui pourrait lui conférer davantage de crédibilité sur le plan de sa relation avec le citoyen. L’objectif est de répondre aux différents questionnements qui se concentrent, aux niveaux politique et médiatique, sur un seul acteur partisan, pris isolément, du fait de la nature de sa création et aussi en raison du fait qu’il est le parti le plus important qui s’oppose aussi résolument au projet du parti qui dirige le gouvernement.

Nous ne pouvons répondre à la problématique communautaire en écartant les gens qui viennent de cette région du Maroc et en les remplaçant par d’autres, venus d’ailleurs. Je pense que ce n’est pas sain ni salutaire, politiquement parlant. A l’inverse, nous chercherons des personnes aptes à apporter un plus à notre vision à  la crédibilité de notre action, des personnes qui fourniront les réponses adéquates aux différents dysfonctionnements et aux attentes qui traduisent la relation à la population, des personnes enfin qui sont à même de bâtir les alliances nécessaires pour remporter les batailles à venir.

La politique n’est pas l’affaire d’un jour, car elle s’inscrit dans le long terme et requiert de la patience et de la retenue, de la constance et de la vision. Nous ne sommes pas dans une logique de gestion du quotidien, de réaction à l’instant présent.

Il y a également les corrections à apporter à la politique interne suivie jusque-là, et nous avons des propositions pour cela, pour basculer d’un mode de gestion à un autre. Nous pensons que la direction de ce parti ne doit pas seulement bannir la gestion personnalisée, mais doit aller le plus loin possible vers une dimension collective qui serait à même de donner plus de force à notre cohésion interne, dans ce contexte de démission ou de réponse à donner aux questionnements actuels.

Si vous tenez à faire le décompte des régions qui nous ont donné nos dirigeants, je vous rappellerais alors  que nous avons eu un secrétaire général du Sahara, puis un autre de Marrakech, puis de Casablanca, puis du Rif… Serait-ce une alternance régionale que vous souhaitez ?

Quelle serait votre touche personnelle que vous apporterez durant votre direction du parti ?

Je pense que mon rôle aujourd’hui est de gérer une étape transitoire qui s’achèvera avec la tenue du Conseil national, lequel définira les choses pour la période suivante. Pour la période à venir, après le Conseil national,  je proposerai une direction collégiale, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, et il est possible que cela soit un exemple pour plus tard, quelle que soit la personne ou la personnalité du futur secrétaire général.

L’idéal est de trouver une solution pour une direction collégiale en équipe, et nous avons déjà eu à connaître cela dans l’histoire du parti. Il y avait une commission de suivi, puis des secrétaires généraux adjoints, et c’est le genre de débats que nous aurons pour en faire proposition au Conseil national.

Ne vous pensez-vous pas en période de test pour prendre, en octobre, officiellement, la tête du parti ?

Je ne veux pas anticiper et je crois que le plus important aujourd’hui est de faire aboutir cette étape, ce qui signifie que nous devons faire l’économie de luttes de personnes ou de règlements de comptes. Que celui ou celle qui a des propositions les soumettent au Conseil national… pour le moment, nous devons saisir l’importance de la phase actuelle pour renforcer le projet sur le plan politique et pour gérer cette étape, collectivement, collégialement, dans le souci d’être constructifs.

Je pense sincèrement que c’est là le plus important… Nous avons déjà eu à connaître cela dans le passé, de tels séismes, et nous avons réussi, malgré les difficultés et les écueils, à bien conduire notre projet et à gérer les changements en son sein, dépassant les règlements de comptes entre membres dirigeants…

En cette période, et plus qu’à toute autre, y compris celle du 20 février, le parti a besoin d’une sérieuse autocritique. L’ancien secrétaire général Hassan Benaddi a entamé le travail dans ses récentes sorties en affirmant que le PAM reste banni aux yeux de l’opinion publique malgré ses scores électoraux, de même qu’il a regretté le manque de vision et les défaillances en matière de gouvernance et de communication… Que pensez-vous de tout cela ?

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Ssi Hassan, quoiqu’il faille quand même corriger certains dysfonctionnements au niveau de la vision de notre relation aux citoyens, et cela nécessite des efforts. Mais nonobstant les critiques adressées à l’ensemble des partis politiques à cet égard, nous avons consenti


des efforts pour l’élaboration du projet de programme de notre formation, du moins fut-ce l’œuvre de la commission qui avait supervisé cette opération avec l’esprit d’ouverture que nous lui avons connu.

Il est vrai que nous devons opérer une autre lecture du champ politique et des demandes d’interaction avec lui si nous voulons renforcer notre présence sur le terrain. Pour cela, il faudra mettre en place de nouveaux outils de communication et d’interaction avec les populations et aussi avec les membres du PAM.

Un parti qui dispose de plus de 6.000 élus locaux et régionaux et de 102 députés, un parti qui occupe la présidence de la Chambre des conseillers et qui préside 5 Régions, doit absolument mettre en place, puis en œuvre, une politique d’accompagnement. Cela a commencé avec les travaux de l’académie qui est en passe de produire un programme de formation de ces élus. Nous avons également recruté des cadres de haut niveau pour remplir la tâche d’assistant parlementaire.

Pour ce qui est de la politique de communication et la stratégie médiatique, nous avons entamé un projet de lecture de la situation présente, afin de mettre le doigt sur les différents dysfonctionnements.

Ainsi donc est ou devrait être la vision commune que le document d’évaluation devra soutenir, une vision qui sera celle des militant(e)s pour leur action de rapprochement et de communication, car cela ne doit pas être l’apanage des seuls Secrétaire général ou Bureau politique, mais de l’ensemble des compétences de notre formation, que l’on retrouve un peu partout au sein du parti, de la société ou des collectivités territoriales, hommes, femmes, ingénieurs, cadres de l’éducation nationale ou de la santé publique…

Tous ces gens doivent s’approprier cette plateforme d’évaluation, endosser la nouvelle approche de communication et traduire tout cela dans leur action à l’égard des populations.

Nous avons également défini, depuis trois ou quatre mois, les différents dysfonctionnements, essentiellement sur le plan organisationnel, dans les organisations et instances régionales ou centrales. Ce sont aussi pas moins de dix Régions qui ont connu des rencontres avec les composantes de la société civile.

Il reste cependant à traduire tout cela dans une vision politique, après 9 ans d’existence, pour lui donner la charge et la portée politiques escomptées en cette étape qui ne doit pas se contenter de voir les uns et les autres s’adresser des critiques mutuelles. Nous devons nous renforcer en orientant nos énergies vers des actions positives et qualitatives, et surtout à partir de nos positions dans les 5 Régions, de majorité dans les communes et d’opposition ailleurs.

Pour cela, nous devrons adopter une attitude d’autocritique permanente,  pour tous et à tous les niveaux.

Et après avoir élaboré tous ces documents, vous attendez-vous à des sanctions contre les absentéistes au parlement et contre les défaillants dans les communes ?

Les mesures qui devront être prises le seront au niveau des organes compétents, ceux veillant à la déontologie politique ou même au Bureau politique, qui examineront les cas après que les instances concernées aient rédigé leurs rapports.

Vous savez, nous parlons ici de mesures organisationnelles qui ont trait à l’éthique et à la déontologie ; nous sommes loin de règlements de comptes ou de mises en accusation ou de création d’un climat de suspicion généralisée sur la base de rumeurs… de même que nous n’empièterons pas sur les prérogatives des institutions publiques compétentes, de la justice ou de l’administration.

Il semblerait que plusieurs des élus parlementaires absentéistes, pour la plupart des hommes d’affaires et des notables, aient été fortement déçus de se retrouver dans les rangs de l’opposition, alors même qu’ils avaient adhéré dans la perspective de défendre leurs intérêts au sein d’un parti de gouvernement, ainsi que le leur avait expliqué Ilyas el Omari…

Je ne le pense pas. Ceux qui ont été élus et qui ont occupé des positions politiques sont à 70% de nouveaux arrivés en politique et ils appartiennent à des catégories socioprofessionnelles variées. Je ne pense honnêtement pas que tout nouvel élu soit entré en politique pour défendre des intérêts personnels, de même que je ne pense pas que ces gens soient tous venus pour devenir un jour ministres car le parlement est autonome et indépendant de l’Exécutif. Quant à la participation à un gouvernement, ce n’est là qu’une légitime et juste ambition car il est anormal qu’un parti pense à rester toujours dans l’opposition.

Si, maintenant, certains ont pris peur là où ils étaient et sont allés ailleurs, cela les concerne et nous ne leur demanderons pas de comptes. Et cela est valable pour à peu près tous les partis de ce pays.

Ne pensez-vous pas que l’Etat se soit détourné du PAM, pour lui préférer le RNI ?

Que l’Etat choisisse qui il souhaite, c’est son affaire, mais je ne pense pas que le RNI remplisse le rôle du PAM, et inversement. Le PAM est un parti qui a son poids, principalement dans les deux Chambres du parlement et dans plusieurs collectivités territoriales. Quant à nos amis du RNI, s’ils ont choisi d’aller au gouvernement, cela les concerne et répond à leur évaluation de la situation présente…

(L’interrompant) Mais il y a une polémique entre le PAM et le RNI sur qui des deux sert les objectifs du PJD…

Nous n’avons aucunement besoin de surenchères, et cette polémique est le fait de gens qui expriment leurs opinions sans que cela n’engage le PAM en rien. Attaquer le RNI ou « chérir » le PJD sont des positions individuelles qui ne nous concernent pas. Le PJD s’exprime à travers les publications de ses organes officiels, et il l’a fait. Nous avons nos idées et le jour où nous voudrons les changer, nous reviendrons à nos institutions, nous évaluerons la situation politique, nous examinerons les alliances… et nous nous prononcerons.

En dehors de cela, il ne reste que des opinions personnelles qui n’engagent pas le parti.

A la lumière de l’émiettement  de nos partis, des luttes qui agitent la scène politique et du dernier discours du roi, ne voyez-vous pas l’utilité d’une grande réconciliation entre les partis ou au moins le lancement d’un dialogue réel entre eux pour apaiser les esprits et faire retomber les tensions. Ilyas el Omari avait avancé une idée dans le genre, pour une réconciliation avec le PJD, après la lutte féroce qui avait opposé le PAM à ce parti. Tout cela crée de sérieux clivages dans le champ politique et éloigne d’autant les citoyens de la politique…

On peut dire que la phase que nous vivons appelle une lecture de la situation de nos partis politiques car il y a, d’un côté, cet éloignement de la chose politique et d’autre part, un recul du nombre de courants au sein même de la société, et cela aboutit à une forte baisse du taux de participation électoral… Tout cela interpelle ou doit interpeller en premier lieu les acteurs politiques. On ne peut réagir à cela comme cela a été fait pour le discours royal, que l’on s’est contenté de louer… Non, il est important de reconsidérer notre action et nos méthodes de travail afin de trouver la façon  optimale de conserver la force de nos formations politiques, car telle est la démocratie ; elle a besoin de partis solides, d’implication citoyenne  et d’idées qui pourraient contribuer à améliorer notre expérience démocratique et la culture de la citoyenneté au sein de la société. A défaut, c’est tout l’édifice démocratique qui s’écroule ou au moins s’affaisse, et c’est ce à quoi nous assistons depuis l’adoption de la constitution en 2011.

Est-il possible d’envisager un rapprochement entre PAM et PJD après le départ d’Ilyas el Omari, certains évoquant même l’éventualité d’un gouvernement d’union nationale dans un contexte qui en aurait bien besoin ?

La phase que nous connaissons aujourd’hui requiert un esprit de responsabilité au nom de l’intérêt supérieur du pays car cet intérêt ne saurait aller avec des surenchères. Et les tensions sociales actuelles sont le résultat de certaines politiques et non le fait de tel ou tel parti qui les alimenterait.

Prenons les indicateurs de l’emploi par exemple… Du temps du gouvernement Driss Jettou, l’offre était pratiquement égale au nombre de lauréats des centres de formation, soit environ 150.000 personnes. Avec le gouvernement el Fassi, ce chiffre a baissé de quelques 30.000 individus. Puis ont commencé les cumuls négatifs des écarts.

Et nous en sommes arrivés au gouvernement Benkirane, avec son orientation dans l’austérité… L’offre n’était plus que de 50.000 personnes environ à employer, soit un déficit de 100.000 jeunes environ, que nous retrouvons forcément dans la rue… La situation de ces centaines de milliers de jeunes, dans un contexte de cherté de la vie et d’ambitions de bâtir des carrières et de construire sa vie et de s’assurer une existence digne conduisent à des tensions, en plus bien évidemment du problème des retraites.

Tout cela demande des lectures et des évaluations responsables car on ne peut rien construire sans la population, voire à son détriment. Il faut absolument prendre en compte toutes ces dimensions sociales.

Il n’est donc plus question d’opposer des chiffres et de se jeter des statistiques à la figure… Il est important de réfléchir à des mécanismes qui améliorent les choses et qui renforcent le tissu social, qui ouvrent la voie à des investissements, qui conduisent à une véritable réforme de la justice et qui conduisent à une véritable politique de lutte contre la corruption…

Et tout cela doit aller de pair avec les ambitions des populations car telle est la véritable dynamique qu’il faut enclencher. Et cela ne peut se faire hors de la saine compétition entre les partis politiques, qui ne peut être que dans la confrontation des stratégies et des politiques, par l’opposition des programmes et des idées. Ainsi, les partis deviendront des forces de proposition et des incubateurs d’idées participant à l’élaboration des politiques publiques.

Alors, un débat national ? Je n’en vois sincèrement pas l’utilité…

Et un gouvernement d’union nationale, en voyez-vous l’utilité ?

Existe-t-il aujourd’hui un danger qui menace le pays, une guerre imminente qui justifierait un tel gouvernement ? S’il y a des raisons objectives pour réfléchir dans cette logique, alors faisons-le… Mais parler d’union nationale parce que nous avons une crise politique et que nous ne réussissons pas dans notre mission d’encadrement, je reste sceptique et je ne pense pas que ce soit la bonne solution et la bonne réponse à apporter.

Une telle idée pourrait peut-être renforcer les partis mais n’apporterait pas de réponses à la société.

Revenons sur les événements du Rif… Avez-vous procédé à une évaluation de l’action des élus, surtout que cette Région est globalement dirigée et administrée par le PAM ?

Je pense que cette question vient de la faiblesse de l’encadrement politique des populations et du recul du rôle de médiation des élus et de leurs partis. Nous devons examiner cela au sein de notre parti, et apporter les réponses adéquates. Ilyas el Omari a évoqué cela en présentant sa démission.

Quant aux grands projets de développement, cela relève des départements ministériels concernés. Et cela est aussi valable pour le Rif qu’ailleurs.

Propos recueillis par Moussa Matrouf, Mowatine.com (traduction Panorapost.com)