Congrès extraordinaire de l’Istiqlal… Hamid Chabat à la croisée des chemins

Congrès extraordinaire de l’Istiqlal… Hamid Chabat à la croisée des chemins

Le parti de l’Istiqlal tient un congrès extraordinaires ce samedi 29 avril, un congrès crucial pour l’avenir de la plus vielle formation politique du Maroc. En effet, l’ordre du jour sera articulé autour de la révision des deux articles 54 et 91 des statuts du parti. Ce congrès se tient après plusieurs semaines de rudes affrontements entre dirigeants istiqlalien.

Que dit l’article 54 ? « Le secrétaire général est élu par les membres du Conseil national, à bulletins secrets et à la majorité des voix, pour un mandat de quatre années,  renouvelable une seule fois. Tout candidat à la fonction de secrétaire général doit être membre du Comité exécutif sortant ».

Si cet article est amendé – et qu’on en retire la condition d’être membre du Comité exécutif – la voie sera ouverte à une candidature de Nizar Baraka, actuel président du Conseil économique, social et environnemental mais non membre du fameux Comité. Il pourra ainsi affronter Hamid Chabat qui souhaite (vivement)  rempiler à la tête du parti.

Le congrès du 29 avril ouvrira la voie à de nouveaux rebondissements à l’Istiqlal, dans la continuité des derniers mois et de leurs très nombreux soubresauts au sein du Comité exécutif, essentiellement entre Hamid Chabat et Hamdi Ould Rachid, au sujet de la préparation du 17ème congrès ordinaire. Celui-ci devait se tenir fin mars 2017, mais les heurts et les différends entre caciques ont conduit à son report sine die et à l’arrêt des congrès régionaux qui désignent les congressistes nationaux.

Que dit l’article 91 ? « La commission préparatoire nationale se compose des membres du Comité exécutif, ainsi que de 150 autres personnes choisies parmi les membres du Conseil national sortant, dans le respect de la répartition géographique ». Or, les opposants à Chabat réclament de nouveaux quotas pour les trois Régions du Sahara et pour celle du Souss Massa Dra, mais Hamid Chabat a rejeté l’idée,  conduisant 15 membres du Comité exécutif à se ranger derrière Hamdi Ould Rachid, l’influent Sahraoui de l’Istiqlal.

La Commission préparatoire définie en l’article 91 revêt une importance particulière pour le prochain congrès car c’est à elle que


revient la mission de préparer les rapports moral et financier ainsi que le projet de programme du parti et ceux de  la révision des statuts. La Commission fixe aussi les effectifs des congressistes de chaque Région et détermine les conditions et les critères de la représentativité de chaque province.

Mais quelles sont les chances réelles d’amendement des articles 54 et 91, sachant que Hamid Chabat tient bien « son » Conseil national, qui regroupe les très puissants inspecteurs du parti dans les préfectures et provinces, 475 membres venus des régions du royaume et 208 membres des organisations parallèles  (UGTM, la Femme istiqlalienne, la Jeunesse…) ?

Répondant aux questions de Mowatine, un membre du Comité exécutif du parti  de l’Istiqlal a expliqué que tout allait bien dans le meilleur des mondes, et que les choses avançaient comme il le fallait. Selon lui, il a été décidé d’élargir les effectifs des participants du congrès extraordinaire aux membres des secrétariats provinciaux et des bureaux des organisations parallèles, soit un millier de personnes en plus.

Concernant l’amendement des 54 et 91, ce dirigeant du parti a affirmé qu’ « il existe une tendance générale vers la révision de ces deux articles, mais le dernier mot reviendra au congrès », lequel, toujours selon le même, « devra se montrer positif, dans le souci de la préservation de l’unité du parti ».

Ainsi, si tout se passe bien, Hamid Chabat aura Nizar Baraka face à lui pour la fonction de secrétaire général. Le premier est très influent au sein du Conseil national mais il a accumulé depuis plusieurs mois les erreurs et les errements, qui l’ont écarté lui et son parti de la formation du gouvernement. Le second est un économiste connu et reconnu pour ses compétences ; bon technocrate, il dirige une institution constitutionnelle de première importance, après avoir été ministre des Finances et avant d’être aujourd’hui un candidat « plus que normal » pour diriger le parti fondé par son grand-père Allal el Fassi.

Youssef Lakhder

Commentaire sur la photo : Nizar Baraka (à gauche) s'apprêtant à serrer la main à Hamid Chabat lors des funérailles de l'ancien secrétaire général Mhamed Boucetta