Akhannouch à Halieutis : « Les Européens doivent régler leurs problèmes entre eux concernant le Maroc »
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- 15 février 2017 --
- Economie
Le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime Aziz Akhannouch était ce mardi 14 février à Agadir pour lancer le salon Halieutis, et en profiter pour dresser le bilan de ce qui a été fait en matière de pêche dans le cadre de la stratégie nationale Halieutis 2020. Pour cette édition qui reçoit 39 pays sur 16.000m², l’invité d’honneur du Salon est la France, qui reçoit environ 1 milliards de DH de nos exportations en produits de la mer.
Lancée en 2009 pour restructurer et faire redémarrer le secteur de la pêche, la stratégie nationale a atteint entre 80 et 90% de ses objectifs, à trois ans de son terme. Le ministre l’adit et redit, « il existe un port de pêche tous les 55 kilomètres, avec 43 villages de pêche dotés de halles aux poissons. Les investissements en industries de transformation de ces produits fournis par les villages de pêcheurs ont cru par ailleurs de 8% sur les dernières années, pour atteindre le montant de 2,1 milliards de DH ».
C’est ainsi que le secteur est devenu bancable, en cela que de plus en plus de banques cherchent à financer les investissements de la pêche, les sachant rentables et sécurisés. Pour l’aquaculture, par exemple, les investisseurs sont là, mais selon Akhannouch, ce type de culture est très difficile car il s’agit d’être particulièrement précis en analysant tout l’écosystème d’une région avant d’appeler l’investisseur à venir y engager son argent.
S’exprimant brièvement sur la dernière brouille avec l’union européenne, et le communiqué musclé qu’il a signé, Akhannouch a expliqué que « les Européens viennent chez nous et commercent le plus tranquillement et le plus normalement du monde ; nous, à l’inverse, à chaque kilo de tomate ou cageot de poissons que nous emmenons vers l’Europe, nous restons inquiets de savoir s’il entrera ou non. Et cela parce qu’un pays ou un commissaire a une vue contraire sur les Accords signés. L’Accord agricole est commercial et non politique, et nous,
nous travaillons avec l’Europe et pas avec chacune de ses composantes. Que les Européens règlent leurs problèmes entre eux concernant le Maroc. Nous avons été clairs ».
En matière de contrôle de l’activité du secteur, les choses se sont faites progressivement, et méthodiquement : d’abord la promulgation de les lois et réglementations de l’activité et de toutes ses sous-activités (mareyage, pêche côtière ou hauturière…), ensuite les infrastructures ont été installées pour assurer la surveillance de l’activité. « Une salle de contrôle ayant coûté 80 millions de DH est aujourd’hui pleinement fonctionnelle », explique Akhannouch. Et de fait, ce sont près de 12 millions de DH qui ont été perçues par les autorités pour les infractions commises.
De plus, un contrôle « social » est effectué, de sorte qu’aujourd’hui, 70% des salariés œuvrant dans le secteur sont déclarés à la CNSS, et qu’à début mars, le ministère verrouillera encore plus, en interdisant la sortie en mer de toute embarcation dont les pêcheurs ne sont pas inscrits à la CNSS.
Enfin, concernant les prix, le ministre a expliqué que son département œuvrait à réguler les différents circuits de distribution, qui emmènent le poisson vers les villes après l’avoir acheté aux halles. Si dans ces dernières, le négoce se fait selon l’offre et la demande, les prix grimpent après, dans ces circuits de distribution. « On travaille, et un jour, il faudra bien qu’il y ait des résultats », précise Akhannouch. On en prend acte. Pour le ramadan et les flambées des prix les premiers jours, l’explication est simple « la demande est très forte et l’offre est parfois volontairement réduite, et vous connaissez la conséquence. Une fois, le ministère avait alimenté les marchés, maintenant une stabilité des prix, mais les pêcheurs avaient protesté ».
La pêche un secteur en développement, avec une vision locale et une stratégie internationale (90 pays sont clients du Maroc pour les produits de la mer). Un chiffre d’affaires cumulé du secteur de 15 milliards de DH pour un objectif de 18 milliards en 2020.