Shimon Peres est mort

Shimon Peres est mort

Il était ancien premier ministre, ancien président d’Israël, et il était aussi Prix Nobel de la paix. Shimon Peres était le dernier des  pères fondateurs de l’Etat hébreu. Il est mort ce matin du 28 septembre à l’âge de 93 ans. Il restera dans l’histoire comme un homme de paix ou un homme, voire un criminel, de guerre, selon le camp auquel on appartient.

Tout le monde se rappelle de ce 13 septembre 1993, sur la pelouse de la Maison Blanche, quand le premier ministre Yitzhak Rabin serre la main de Yasser Arafat en présence de Bill Clinton et des caméras du monde entier, et que Shimon Peres s’avance aussi pour serrer aussi la main à celui qui était en guerre contre Israël des décennies durant. Rabin avait alors dit à Peres : « Tu l’as tant voulu… ».

Les Marocains se souviennent aussi de ce premier ministre israélien venu plutôt discrètement visiter le roi Hassan II au Maroc. Du 21 au 23 1986, Shimon Peres est accueilli par le roi Hassan II dans sa résidence d'été d'Ifrane. C'est la première fois depuis les visites de Menahem Begin en Égypte qu'un chef de gouvernement israélien est reçu dans un État arabe. À l'issue de la rencontre, un communiqué commun insiste sur le « caractère purement exploratoire » des discussions, mais le roi du Maroc regrette que le Premier ministre israélien « rejette l'O.L.P. comme interlocuteur valable [...] et refuse l'évacuation des territoires occupés », tandis que Shimon Peres se félicite du « caractère amical et approfondi » des conversations qui « ajoutent une nouvelle dimension à la recherche de la paix au Proche-Orient ». Cette rencontre suscite des réactions opposées


dans les pays arabes : alors que l'Égypte est enthousiaste, la Syrie annonce qu'elle rompt toute relation avec le Maroc, et le colonel Kadhafi déclare qu'il considère Hassan II comme un « traître ».

30 années après, le monde a changé, le Maroc aussi, et Shimon Peres n’est plus président. Il devait venir assister à Marrakech à la conférence de la Fondation Clinton. Mais il n’est pas venu, suite au tollé général soulevé contre celui dans lequel les Marocains, et une partie du monde, voient le tueur de Cana, depuis le bombardement de ce village au Liban du sud, occasionnant 106 morts parmi la population civile. Shimon Peres était alors en pleine campagne électorale pour succéder à Yitzhak Rabin, assassiné quelques mois auparavant.

Il est aussi tenu pour responsable du massacre de Gaza en 2009 (opération Plomb durci), quand il était le président d’un Etat qui avait fait plus de 2.000 morts parmi la population civile palestinienne.

Si le défunt a été élu sans discontinuer à la Knesset depuis les années 50, et s’il a été aussi l’un des pères de la bombe atomique israélienne, lui qui a su la négocier avec tant d’âpreté et de ténacité avec les Français, il sera également toujours tenu pour l’éternel perdant à devenir « roi d’Israël ». Il aura été Premier ministre trois fois dans sa carrière politique de 70 ans : en 1977 (intérim), deux ans de 1984 à 1986 (par défaut après le scandale de Sabra et Chatila et la guerre du Liban), et en 1995-1996, en remplacement d’Yitzhak Rabin.

Il aura cependant fini sa très longue carrière par la présidence, durant 7 ans, de l’Etat d’Israël, de 2007 à 2014.