La crise menace dans le secteur du tourisme, malgré l’optimisme des responsables
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- 13 juillet 2015 --
- Economie
Face à la situation plutôt morose des marchés émetteurs, aux récents attentats en Tunisie (mars et juin) et aux amalgames récurrents, les touristes pourraient tourner le dos à l’Afrique du Nord. Le ministre Lahcen Haddad ne se départit pas de son optimisme habituel, mais on sent que l’inquiétude apparaît, et s’installe, dans le secteur.
La ville d’Agadir semble être la plus touchée par le marasme qui s’annonce cet été, avec une forte baisse en termes d’arrivées (25,33%) et aussi en nuitées (- 27,23%), de juin 2014 à juin 2015. A Casablanca, les professionnels constatent une baisse de 8% des arrivées de touristes sur les 5 premiers mois de l’année.
Sur le plan national, on assiste à une mutation de la nationalité des touristes, selon plusieurs sources. A Marrakech, par exemple, et bien que les touristes continuent de venir en grande partie de France, le tourisme domestique commence à prendre de l’importance, de même que celui en provenance d’Allemagne et, dans le futur proche, de Russie. A l’aéroport Marrakech Menara, le nombre des passagers enregistrés durant les cinq premiers mois de l’année en cours est en hausse de 1%, soit 1,75 million en 2015
contre 1,71 pour la même période en 2014. Mais les nuitées, elles, sont en baisse de 4,2% comparées à l’année d’avant.
On annonce également pour cette année une arrivée des Algériens en rangs serrés, environ une centaine de milliers, presqu’autant qu’en 2013. Cela pourrait être dû au fait que la destination Tunisie n’est plus attrayante pour les voisins de l’est, suite à l’attaque de juin à Sousse.
« Globalement, nous avons enregistré -1,1% de l’activité à fin mai 2015 par rapport à la même période en 2014. Comparé au même mois en 2014, ce chiffre est de +0,5 », affirme, optimiste à son habitude, le directeur général de l’Office marocain du tourisme, Abderrafie Zouiten. Avec leurs 15.000 annulations de voyage au Maroc, les Français y sont un peu pour quelque chose.
Interrogé par nos confrères de TelQuel, Lahcen Haddad persiste à refuser de parler de crise, lui préférant l’expression « période de turbulences », mais des turbulences qui durent. Ainsi, précise le ministre du Tourisme, son département prévoit une petite croissance du secteur de 1 à 2%, au lieu des 10% espérés pour l’exercice. Mais c’était avant les attentats de Paris, de Tunisie et d’Egypte.