Valls à deux temps au Maroc
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Le premier ministre français Manuel Valls est arrivé au Maroc pour clore définitivement la sérieuse crise qui a secoué les relations entre Rabat et Paris en 2014. Cette visite du numéro 2 français intervient après celle du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve puis celle du chef de la diplomatie Laurent Fabius. Manuel Valls a eu deux rencontres d’importance, d’abord avec son homologue le jovial Abdelilah Benkirane et ensuite, plus sérieusement, avec le roi Mohammed VI.
Priorités
A l’issue de l’audience à lui accordée par le chef de l’Etat, un communiqué a été publié, montrant les priorités. Ainsi, si la coopération économique et diplomatique a été longuement discutée, le communiqué cite en premier le partenariat stratégique en matière judiciaire. Désormais, les juridictions des deux pays devront se respecter et à chaque partie de juger ses citoyens, afin que le ccs Hammouchi ne se répète plus. Viennent ensuite la coopération dans le domaine des nouvelles technologies et ensuite l’éducation.
Un passage mérite cependant que l’on s’y arrête : « Le Souverain et le Premier ministre français se sont félicités de la relation d’exception qui lie les deux pays et ont exprimé leur pleine détermination à la raffermir encore davantage, sur la base de la confiance, de l’ambition et de l’estime réciproque ». Cela méritait d’être dit, et il l’a été, afin que certains faits ne se reproduisent pas…
La religion
Quand on sait avec quel soin sont rédigés les communiqués du palais royal, on notera également ce paragraphe : « Lors de cette entrevue, M. Valls a porté son intérêt sur l’institut Mohammed VI de formation des imams, mourchidines et mourchidates et exprimé le souhait du gouvernement français de renforcer la coopération avec le Royaume dans ce domaine ». La religion en France pose problème et Valls est venu chercher une assistance dans ce domaine
également. Manuel Valls est revenu sur cette question pendant le point de presse qu’il a tenu en compagnie de son homologue, et il eu cette petite phrase : « Le populisme se nourrit d'un discours contre l'Islam en France et en Europe, et nous sommes très déterminés à lutter contre, non seulement, les actes mais aussi contre tous ces discours. Nous ne pourrons permettre la moindre parole qui blesse les Musulmans de France et du monde d'une manière générale ». Valls s’est-il avancé un peu trop, inconsidérément ? Pourra-t-il remettre en question dans son pays « le droit au blasphème » pour ne pas «permettre la moindre parole qui blesse les Musulmans de France et du monde d'une manière générale » ? Rien n’est moins sûr.
On notera également que l’audience s’est tenue en dehors de la présence du chef du gouvernement Benkirane. Seul le conseiller du roi Fouad Ali al Himma était présent du côté marocain.
Valls et Benkirane discutent et dînent, l’ombre du palais omniprésente
Quant à la rencontre entre les deux Premiers ministres, elle a été articulée autour des détails des points soulevés lors de l’audience royale, coopération, industrie, formation et aussi les relations avec l’Afrique, le Maroc étant depuis quelques années bien implanté dans son continent et mieux, beaucoup mieux à même de faciliter le maintien de la présence française dans des pays francophones.
Le soir, un dîner a réuni Manuel Valls et Abdelilah Benkirane, mais offert par le roi, tient-on à préciser. En l’absence de détails, on se contentera de la photo… deux conseillers du roi, ceux chargés des finances, Yasser Zenagui, et des affaires sociales, Zoulikha Nasri. Et aussi les ministres de l’Intérieur, Mohamed Hassad, de la Justice, Mustapha Ramid, et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq. Un casting d’agape qui montre les priorités.
AAB