Premières pistes pour la levée du soutien au prix du gaz butane
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- Economie
On a le sentiment d’une opération marketing soigneusement étudiée, avec son teasing qui s‘étale sur quelques semaines, avant la révélation. Il s’agit de la suppression de la compensation des prix du gaz butane, qui coûte à l’Etat un budget de 4 milliards de DH par an ; les premières pistes commencent donc à apparaître.
Voici quelques semaines, contacté par Panorapost, le ministre des Affaires générales Mohamed Louafa avait catégoriquement démenti toute décision tranchée sur la question, mais avait admis que des études étaient menées et que des scénarios étaient aussi à l’examen pour lever le soutien de l’Etat pour cette matière essentielle, lequel soutien va à 60% à des catégories socioprofessionnelles qui n’en ont pas besoin, grands agriculteurs, restaurants et hôtels, usines…
Il existe en fait deux scénarios. Le premier consiste à verser l’équivalent du montant compensé pour chaque bouteille de 12,5 Kgs, soit près de 100 DH, directement dans les poches des personnes classées pauvres, et qui sont estimées à environ 8 millions de personnes. Le montant à reverser ne concerne pas toutes ces personnes, mais les ménages. Cette option a la faveur du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, mais rencontre des obstacles politiques et administratifs. Politiquement, le gouvernement devra lutter contre son opposition qui y voit une sorte d’achat des électeurs. Et sur le plan technique et administratif, comment verser cette somme à des millions de ménages ?
Une idée serait d’établir autant de chèques qui seront remis par les agents du ministère de l’Intérieur aux gens concernés.
Un deuxième scénario consisterait à délimiter géographiquement les quartiers défavorisés des villes, et d’assurer un abattement de ces presque 100 DH des factures d’eau et d’électricité des ménages à soutenir. L’Etat versera la différence aux régies distributrices et à l’Office nationale de l’eau et de l’électricité. Cette solution n’est pas aussi simple qu’elle n’y paraît car les pauvres ne vivent pas spécialement dans des quartiers définis, ce qui serait une sorte de ghettoïsation, et elle pose aussi le problème du monde rural et de la désignation des familles pauvres vivant à la campagne. Il faudra alors mener des enquêtes pointues sur le nombre de personnes vivant dans le ménage, la surface exploitée, la nature du sol et la quantité de pluviométrie par région… de plus, les bénéficiaires ne sentiront pas cette compensation directement dans leurs proches, du moins pas autant qu’ils sentiront le prix réel de la bouteille de gaz, qui passera de 40 à 120 DH environ.
Les études continuent donc, mais le gouvernement est semble-t-il décidé à lever le soutien au prix du gaz butane, en 2015, vraisemblablement au 4ème trimestre, c’est-à-dire juste après les élections communales et bien avant les législatives, prévues à l’été 2016. La prudence, dit-on, est mère de toutes les vertus…