Les freins de la croissance économique marocaine
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- Economie
La Banque africaine de développement a publié récemment une analyse de la croissance marocaine et de la bonne tenue de l’économie nationale ; le satisfecit est là, mais les bémols aussi… explications.
En effet, les investissements publics ne constituent pas le levier de développement et de croissance que l’on serait en droit d’attendre d’un taux d’investissement de près de 32% du PIB en 2012. La structure économique nationale ne permet donc pas les effets d’entraînement que ce taux d’investissement, qui concerne pourtant des secteurs générateurs de croissance, devrait réaliser.
Par ailleurs, l’économie marocaine est encore fortement axée sur les services, faiseurs de richesse mais faiblement créateurs d’emploi au regard des investissements consentis. En effet, le tourisme et le secteur financier, pour florissants qu’ils soient, ne créent pas des emplois en nombre suffisant pour assurer une consommation nationale des ménages, vecteur de croissance à travers l’augmentation de la demande. L’industrie est encore embryonnaire et c’est là que le problème se pose, selon la BAD.
L’économie marocaine se caractérise également par un « vide » entre les très petits entreprises, exerçant généralement leur activité dans
l’informel, et les grandes structures à fort potentiel de développement, mais qui n’ont généralement pas recours à la sous-traitance, préférant s’organiser en concentrations verticales, comme c’est le cas pour les grandes entreprises immobilières. L’économie pâtit donc là aussi d’un manque d’effet d’entraînement, de mauvaise répartition de la richesse, et du fait de l’informel, d’une faible ressource fiscale pour injecter de l’investissement productif.
Ce sont là les obstacles macro-économiques, mais il en existe d’autres, et ce sont les habituelles tares dont souffre, en plus de l’économie, la société marocaine. La justice, bien qu’en pleine réforme, tarde et peine à présenter un jour meilleur, tant pour des raisons financières (salaires, moyens et logistique) qu’humaines (formation et intégrité des juges). Il y a aussi l’éducation, en permanente réforme mais en crise constante ; le Conseil supérieur en est encore à fixer les langues d’apprentissage au moment où une nouvelle génération arrive à l’école…
La BAD exprime donc une certaine satisfaction face aux réelles réalisations de l’économie marocaine, mais épingle les défauts structurels, qui pourraient à terme menacer le modèle de croissance marocain.