Comment les Algériens construisent des autoroutes… et pourquoi ? (vidéo)

Comment les Algériens construisent des autoroutes… et pourquoi ? (vidéo)

En général, ils les construisent comme tout le monde, sauf que parfois, il arrive des choses insolites… Une autoroute très récemment inaugurée et passant près de la capitale Alger présente une anomalie, et quelle anomalie ! En effet, au beau milieu de la chaussée à trois voies, au niveau de Baba Ali, un poteau électrique, de grande taille, surmonté de câbles de grande épaisseur, charriant du courant à grand voltage. Du grand guignol !

Estomaqués, les Algériens n’en reviennent pas que cette l’autoroute Est-Ouest, entre Alger et Blida, ait été construite, avec ce poteau de haute tension en son milieu, et ils sont encore plus ahuris de voir que l’autoroute ait été ouverte à la circulation. L’entreprise qui a réalisé cette belle ouvrage est ETRHB, le H étant l’initiale de Haddad, du nom de son richissime propriétaire Ali Haddad.

Le directeur régional de Sonelgaz (Société nationale de l'électricité et du gaz, chargée de la production, du transport et de la distribution de l'électricité et du gaz en Algérie) a expliqué à la chaîne de télévision Annahar que si le poteau n’a pas été retiré, c’est en raison du fait que la Direction des travaux publics n’a pas payé les frais de déplacement du poteau. Fort bien, mais alors pourquoi ouvrir l’autoroute à la circulation, alors que ces bisbilles agitent les « responsables » algériens ?

Interrogé, le chef du projet à la Direction des travaux publics a expliqué que le tronçon ne devait pas être ouvert au public car il n’y a ni signalisation ni conduite d’évacuation des eaux… en plus du poteau. Mais, a-t-il assuré à la télé, sa Direction a promis à l’entreprise de payer les frais de déplacement de...

l’objet.

Alors, pourquoi avoir ouvert la route, puisque les images d’Annahar TV montrent une circulation de véhicules civils ordinaires ? La réponse tient en la personne du patron de l’entreprise ETRHB, Ali Haddad.

Qui est Ali Haddad ? Membre de la famille du même nom, patronne de l’USM Alger bien qu’elle n’en ait pas le droit puisqu’un de ses membres est membre du Bureau fédéral de football, Ali Haddad est considéré comme le grand ami de Saïd Bouteflika, frère du président, dont il a financé la campagne électorale.

Quand Abdelmajid Tebboune est arrivé à la primature, en mai dernier, il avait voulu faire reculer l’oligarchie économique et financière, dont Ali Haddad, patron des patrons algériens, est le chef de file. Entré en collision avec Haddad, et Haddad étant en relation avec Saïd Bouteflika, que pensez-vous qu’il arriva ? Ce fut Tebboune qui « creva », brutalement limogé après trois mois à la primature, et traité de prédateur par Haddad.

Nous sommes donc en plein cœur des luttes de pouvoir algérien, comme le poteau au milieu de l’autoroute de Haddad. La collusion de l’argent et du pouvoir. Reste l’armée… qui vient d’adresser, en juillet dernier, une mise en demeure à la même entreprise ETRHB du même Ali Haddad pour lenteur des travaux d’un centre de détention, mauvaise qualité des constructions, main-d’œuvre de piètre qualité…

Ceci explique cela, sans doute, et le résultat, on le voit… comme on comprend ces applaudissements de la salle pleine de patrons algériens, dont Ali Haddad, quand Messahel, le chef de la diplomatie avait dit ce qu’il a dit sur le Maroc, ses banques et sa RAM, voici quelques semaines.

Le Maroc, lui, sait construire des autoroutes, sans poteau au milieu…

AB

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