Les partis politiques et le Nouvel An amazigh

Les partis politiques et le Nouvel An amazigh

L’article 5 de la constitution le dit, l’amazigh est une langue officielle du royaume, et pour cela, une loi organique doit être adoptée, en principe, dans les prochaines semaines, ou un peu plus tard… Chaque année, pourtant, et dans l’attente de cette loi, ce sont les mêmes demandes qui reviennent, concernant la célébration du Nouvel An amazigh, et chaque année, ce sont débats et combats.

Avec un chef du gouvernement amazigh (région Souss Massa), on aurait pu attendre une évolution dans ce dossier, mais ledit M. Elotmani est avant tout membre du PJD, dont les membres sont plutôt réticents à l’instauration de la culture amazighe au même rang, ou presque, que l’arabe.

Pour le PPS, les choses sont mi-figue mi-raisin, avec une célébration du Nouvel An à Marrakech, mais une célébration « locale », hors participation des caciques du parti. Pour le RNI, en revanche, le grand jeu a été sorti à Nador, en présence du président Aziz Akhannouch, lui-même amazigh, connu pour demander très souvent l’accélération de l’adoption de la loi organique sur la langue amazighe.

Déjà, à Marrakech, en septembre 2018 et à l’occasion de sa grande rentrée politique après une période d’incertitudes, M. Akhannouch n’avait pas hésité à lancer ceci aux 3.000 jeunes de l’université d’été de son parti : « Il est aujourd’hui grand temps que la langue amazighe retrouve sa place de vraie langue officielle comme il est aussi grand temps pour la mise en œuvre du projet...

de loi organique relatif à la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh. Nous devons intensifier les plaidoyers pour que ce texte puisse être adopté rapidement sachant qu’il est bloqué car certains veulent revenir sur les acquis de la Constitution de 2011 ». Fêter le Nouvel An, Yennayer, à Nador est donc un acte chargé de symbolique.

Le PAM, dont plusieurs dirigeants sont des Imazighen du Rif, est aussi très connu pour sa position concernant Yennayer et la nécessité de l’accélération de l’adoption de la loi organique.

Pour sa part, l’Algérie vient de décider, pour la première fois et sur décision du président Bouteflika, de déclarer le 12 janvier journée chômée. Il s’agit certainement de politique intérieure, les élections présidentielles devant avoir lieu dans deux mois. Mais politique ou pas, la décision a été prise, et le Maroc gagnerait beaucoup à emboîter le pas aux voisins de l’est.

Question : Puisque le chef du gouvernement est amazigh et concerné par cette question, que le numéro 2 du gouvernement, M. Akhannouch, a une position tranchée sur la question, que l’UC n’a rien à refuser au RNI, que le MP suivra et que l’USFP n’a rien contre… puisque le principal parti d’opposition, la PAM, est favorable à la célébration officielle du 12 janvier et que l’Istiqlal dit marquer son accord pour cela… et puisque, enfin, la majorité de la population est d’origine amazighe, qu’attend le Maroc pour prendre sa décision ?

Peut-être 2020.

AB

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