Akhannouch et Plan Maroc Vert : Bilan et perspectives
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- 19 décembre 2018 --
- Maroc
Après la première rencontre de Marrakech, en octobre, sur l’évaluation du Plan Maroc Vert 10 ans après son lancement, le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch était ce mardi 18 décembre à Skhirate pour la présentation officielle du bilan de son département, et du PMV. Et il n’y était pas seul : directeurs, élus, banquiers, responsables de l’agriculture et agriculteurs, en plus des médias, ont été conviés à cette grand-messe faite en chiffres, en schémas et en projections.
Ainsi, selon le ministre, cette évaluation passe par à travers trois dimensions : les filières de production (qui a fait l’objet de la rencontre de Marrakech), la dimension régionale et la dimension thématique, objet de la réunion de Skhirate. Mais il faut dire aussi, et rappeler au besoin, que dans un de ses récents discours, le roi Mohammed VI avait appelé à revoir la politique agricole, en créant entre autres une classe moyenne rurale et en organisant les petits exploitants en coopératives, plus lucratives, tout en aménageant un million d’hectares supplémentaires. C’est à cela que semble s’atteler Aziz Akhannouch et ses nombreux staffs.
Les réalisations.
Le ministre a alors déroulé les chiffres de l’activité du secteur dont il a la charge :
1/ PIB agricole 2018 : 125 milliards de DH (128 prévus pour 2019), soit 60% d’augmentation depuis 2008, année de lancement du PMV, avec une croissance annuelle de 5,25%.
2/ Investissement global : 104 milliards de DH depuis 2008 (115 milliards en 2019), dont 60% de capital privé. Pour chaque DH investi par l’Etat, le privé a engagé 2,4 DH.
3/ Investissement public en 2018 : 15 milliards de DH pour l’agriculture solidaire et 30 milliards pour les chantiers et infrastructures structurants.
4/ Irrigation : 1.600.000 ha irrigués, soit 18% de la surface exploitable et 21% de la superficie plantée annuellement. Ce sont 220.000 exploitations qui sont équipées en irrigation, pour 750.000 ha, dont 90% concernant les petits agriculteurs, possédant des surfaces inférieures à 10 ha.
La superficie de l’irrigation en goutte-à-goutte est de 560.000 ha, ayant nécessité un investissement public de 12,3 milliards de DH. Ce sont 610.000 ha qui sont prévus pour 2019, soit 38% des terres exploitées.
Aujourd’hui, pour la même quantité d’eau, on produit trois fois plus, et 1,6 milliard de m3 ont été « économisés » annuellement avec...
la politique de l’irrigation. De plus, l’activité agricole au Maroc est irriguée à 45%, ce taux montant à 75% les années de disette pluviométrique.
5/ Mécanisation : en 2018, il y a 9 tracteurs pour 1.000 ha, contre 5 en 2008, soit un doublement en 10 ans, sachant que les moissonneuses ont été multipliées par quatre.
6/ Exportations agricoles : elles ont augmenté de 137% en dix ans, contre 94% « seulement » pour les importations, soit un taux de couverture passé de 50% en 2008 à près de 70% aujourd’hui.
7/ Social : la couverture médicale et sociale bénéficie aujourd’hui à 50.000 éleveurs laitiers et ce sont très exactement 251.874 travailleurs agricoles en 2017, contre tout aussi exactement 164.645 personnes en 2012, à bénéficier la sécurité sociale. Au total, 361.360 personnes, contre 230.000 en 2012, ont été couvertes sur le plan médical.
Le SMAG a également cru de 33% en dix années de PMV.
Après les orientations royales.
Aziz Akhannouch a rappelé qu’en ce jour du 19 octobre dernier, il avait été reçu par le chef de l’Etat qui lui a demandé d’aller plus vite, plus haut, plus loin… et plus efficacement. D’où les tables rondes organisées toujours à Skhirate, pour répondre à un certain nombre de questions, voire de questionnements…
- Comment appréhender les aménagements et les améliorations des surfaces irriguées ?
- Comment améliorer l’utilisation des semis et optimiser leur distribution ?
- Quel rôle futur et accru pour les intrants et autres remèdes contre les fléaux agricoles (végétaux et animaux) ?
- Comment mieux commercialiser et valoriser ?
- Comment améliorer la numérisation du secteur agricole ?
- Quelle est la meilleure façon de valoriser un million d’hectares supplémentaires ?
- Comment augmenter les embauches à l’avenir ?
- Comment fixer les ruraux en milieux ruraux et comment créer et renforcer une classe moyenne agricole ?
C’est donc tout un programme d’évaluation qu’a présenté le ministre de l’Agriculture et c’est à un ensemble de questions et de thèmes que les professionnels devront apporter des réponses. La population rurale est en effet passée de 60% du total en 2004 à 40% en 2015, soit environ 7 millions de personnes qui ont basculé de la campagne à la ville, incapable d’absorber tous ces flux.
La mission confiée par le roi à M. Akhannouch est donc tout aussi économique que sociale, mais aussi politique et sécuritaire. Il appartiendra au ministre d’apporter des réponses concrètes et réalisables. Et vite.
Aziz Boucetta
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