La France mobilisait des dizaines de milliers de policiers et fermait des bornes, notamment la Tour Eiffel et le Louvre, alors que les autorités avaient averti que les manifestations anti-gouvernementales de samedi pourraient être encore plus violentes que celles qui paralysent le pays depuis des semaines.

« Selon les informations dont nous disposons, des personnes radicalisées et rebelles vont essayer de se mobiliser demain », a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors d'une conférence de presse. « Certaines personnes ultra-violentes veulent participer. »

Les autorités ont indiqué que 8 000 policiers seraient répartis dans Paris, équipés d'une douzaine de véhicules blindés capables de détruire les barricades et pouvant être utilisés pour la première fois dans une zone urbaine française depuis 2005.

«Ces véhicules peuvent être très utiles pour protéger les bâtiments», a déclaré Stanislas Gaudon, chef du syndicat de la police Alliance. «Et s’ils installent des barricades, nous pouvons rapidement libérer l’espace et laisser nos unités progresser.»

Au plus fort de la période des fêtes de magasinage, de nombreux propriétaires de magasins parisiens montaient à bord de leurs devantures et ont déclaré qu'ils resteraient fermés samedi, de peur d'être à la source de troubles parmi les manifestants et la police.

La police parisienne, craignant que les manifestants ne transforment le mobilier urbain et les matériaux de chantier en armes de fortune, a retiré tous les contenants de verre, les garde-corps et les engins de chantier installés dans des zones à haut risque, notamment l'avenue de renommée mondiale Champs-Élysées, qui aurait normalement été détruite.

«C’est avec une immense tristesse que nous verrons notre ville partiellement bloquée, mais votre sécurité est notre priorité», a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo. « Prenez soin de Paris samedi car Paris appartient à tous les Français. »

Quelque 89 000 policiers seront mobilisés à travers le pays, contre 65 000 le week-end dernier, lorsque plus de 130 personnes ont été blessées et plus de 400 arrêtées. Les manifestations ont dégénéré en une des pires violences dans la rue à Paris depuis des décennies.

Les autorités ont également annulé six matches...

de football de ligue française à travers le pays.

Depuis le début des troubles le 17 novembre, en réaction à une forte augmentation des taxes sur le diesel, quatre personnes ont été tuées dans des accidents.

Au milieu des troubles, certains des manifestants, des responsables syndicaux français et des personnalités politiques de premier plan ont appelé au calme, en particulier lorsque le président français Emmanuel Macron a accepté d'abandonner la hausse de la taxe sur l'essence qui a déclenché le mouvement. Cependant, les revendications des manifestants se sont étendues à d'autres problèmes affectant les travailleurs, les retraités et les étudiants français.

Les étudiants opposés à une réforme de l'éducation ont de nouveau protesté vendredi, un jour après une séquence largement partagée sur les médias sociaux montrant l'arrestation d'élèves du secondaire qui manifestaient devant Paris a provoqué un tollé. Les syndicats et les partis d'extrême gauche ont critiqué la brutalité policière présumée.

Les images, filmées jeudi à Mantes-la-Jolie, montraient un groupe d'étudiants à genoux, les mains derrière la tête. Ils sont surveillés par des policiers armés dont le visage est caché par des masques de ski.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a déclaré que 151 personnes avaient été arrêtées dans la petite ville, ajoutant que certaines d'entre elles portaient des armes. Il a dit qu'aucun des étudiants n'a été blessé.

Les émeutes ont également eu un impact économique au plus fort de la saison des achats des Fêtes. Les groupes déchaînés du week-end dernier ont lancé des pavés dans les vitrines parisiennes et pillé des objets de valeur dans certains des quartiers les plus riches de la ville.

La Fédération nationale des marchés français a déclaré que les marchés de Noël avaient été « fortement touchés » et que ses membres avaient enregistré « une chute moyenne de leurs chiffres estimés entre 30 et 40% depuis le début du mouvement des gilets jaunes ».

Outre la fermeture de la Tour Eiffel, de nombreux magasins et musées en France, notamment le Louvre, le musée d'Orsay et le Grand Palais, fermeront leurs portes samedi pour des raisons de sécurité.

MN