Crise latente entre PPS et RNI

Crise latente entre PPS et RNI

Le PPS est un parti de la majorité gouvernementale, et à ce titre, il siège au gouvernement et y détient même des ministères importants, dont celui de l’Habitat et celui de la Santé. La semaine dernière, le PPS organisait une rencontre à Kenitra, lors de laquelle plusieurs intervenants, dont l’ancien secrétaire général et ancien ministre de l’Agriculture Ismaïl Alaoui, ont critiqué le Plan Maroc Vert, ce qui n’a pas plu, mais alors pas du tout, au RNI, dont le président Aziz Akhannouch est ministre de l’Agriculture et grand maître du PMV.

Qu’a dit M. Ismaïl Alaoui ? En gros, que « le PMV marche sur la tête et (qu’il) faut le rétablir sur ses pieds ». L’attaque est en effet directe et lourde, pour un Plan dont ses concepteurs disent le plus grand bien, et qui a fêté cette année ses 10 ans.  Pour l’ancien patron du PPS, le PMV a pêché en accordant tout l’intérêt aux grands agriculteurs, au détriment bien évidemment des petits exploitants, sachant que le monde rural, ce sont 13 à 14 millions de personnes, dont la grande majorité ne détient pas de terres (1,5 million seulement est propriétaire), selon M. Alaoui.

Ce dernier estime également qu’il est nécessaire de procéder à des distributions de terres, dont les nouveaux acquéreurs devront être encadrés, formés, financés et suivis par les promoteurs du PMV. Mais dans sa substance, l’intervention de l’ancien ministre de l’Agriculture au début des années 2000 est très critique envers le Plan, accusé de tous les maux, dont celui de privilégier les grands agriculteurs industriels au détriment des petits exploitants.

Cela n’a pas été du goût du RNI, dont le chef s’est senti piqué au vif, surtout de la part d’un parti supposé allié. Alors le parti de M. Aziz Akhannouch a dégainé la grosse artillerie, publiant sur son site un article intitulé : « Comment parler de développement agricole quand on l’a enterré ? », en allusion au passage de M. Alaoui au ministère, lequel M. Alaoui a droit à cette entrée : « Ismail Alaoui (dispose de) faibles connaissances du secteur agricole, secteur dans lequel il n’a jamais cru ». Voilà… Le reste est à l’avenant.

« Si Ismail El Alaoui avait fait profiter le Maroc de « ses lumières » à l’époque où il était en charge du secteur, on n’aurait logiquement pas...

assisté à l’un des mandats les plus pauvres en résultat de l’histoire de l’agriculture marocaine avec un investissement qui n’a jamais dépassé 2 milliards de DH par an alors qu’il est en moyenne de 7,5 depuis 10 ans », ajoute l’article du RNI.

Et la démonstration par le chiffre continue… « tout ce qu’il (Ismaïl Alaoui) peut revendiquer comme bilan est un effondrement des ventes de tracteurs avec à peine 100 tracteurs par an alors qu’il s’en vend 3000 par an aujourd’hui ; un budget alloué à l’irrigation divisé par quatre et un PIB agricole qui atteignait en moyenne – grâce aux seuls efforts des agriculteurs – 60 milliards de dirhams entre 2000 et 2003, alors qu’il atteint aujourd’hui 125 milliards avec une croissance annuelle de 7% depuis 10 ans ».

Et la conclusion : « De l’avis des observateurs à l’époque, l’ancien ministre a même gâché tous les espoirs de développement apporté par son prédécesseur Habib El Malki qui avait une vision de développement de long terme mais que M. Alaoui a choisi de mettre à la poubelle par rivalité ou par incapacité à prendre le relais. Il est inconcevable, voire culotté, de venir aujourd’hui, avec ce lourd passif, théoriser au sujet de l’agriculture, analyser et donner des leçons. M. Alaoui a-t-il compris le Plan Maroc Vert ? ou l’histoire de l’agriculture s’est-elle arrêtée pour lui en 2003. Il aurait été mieux entendu sur un sujet qui traiterait des erreurs à éviter dans la gestion d’un secteur agricole ou de comment supprimer tout espoir d’essor pour un secteur à haut potentiel. Pour cela il est certainement plus qualifié et plus expérimenté pour donner des pistes ».

Le RNI est devenu coutumier de ce genre de réponse de type musclé, comme celle qu’il avait eue pour le PJD lors de la crise survenue entre les deux partis suite aux propos virils de Rachid Talbi Alami contre le PJD, en septembre dernier. Cette fois, connaissant Nabil Benabdallah, les choses ne vont pas en rester là car le secrétaire général du PPS ne cache pas sa volonté de faire quitter la majorité à son parti qui, sous sa direction, multiplie les attaques contre le gouvernement Elotmani, déjà mis à mal par les relations orageuses entre RNI et PJD et avec les rudes remontrances du roi Mohammed VI.

AB

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