A quatre mois de la présidentielle, Bouteflika s’agace et menace

A quatre mois de la présidentielle, Bouteflika s’agace et menace

Qui a dit qu’il n’y avait pas de décideurs en Algérie ? En tous les cas, c’est une erreur… En effet, le président Abdelaziz Bouteflika, que l’on dit souffrant et fort diminué, a malgré tout adressé un message très viril à ceux qui contestent sa cinquième candidature et qu’il qualifie de « prédateurs » et de « cellules dormantes ». Il n’y fait pas allusion, forcément, à son élection, mais les choses sont limpides et le propos clair. Florilège.

Ainsi, M. Bouteflika a mis – ou fait mettre – en garde « contre les manœuvres politiciennes observées à l'approche de chaque échéance cruciale pour le peuple algérien », ajoutant qu’il était « normal que la stabilité de notre pays soit ciblée par des cercles de prédateurs et de cellules dormantes qui s'acharnent à attenter à sa crédibilité et à la volonté de ses enfants ». Soit. Mais on relèvera que le message n’a pas été lu ni prononcé par Abdelaziz Bouteflika, mais par le Secrétaire général de la présidence de la République, Habba Okbi qui, comme les autres, ne donne aucune explication sur la longue disparition du président, et encore moins sur son état de santé.

Le reste est à l’avenant… « Intentions inavouées », « le valeureux peuple », « protection des réalisations accomplies par le peuple durant ces deux dernières décennies », « aventuristes », « les faucilles du massacre »… Il y a également des propos plutôt drôles, comme « l’acte de développement », oubliant que le développement est un processus et non un acte…
En gros, il ne faut pas remettre en cause la candidature du président aussi sortant que souffrant...

qui, pour se faire entendre, flatte sa population et la met en garde contre ceux qui « dissimulent les faucilles du massacre (et qui) n'hésiteront pas à utiliser pour faire basculer le pays dans l'inconnu ».

Mais une question se pose… Pourquoi une élection présidentielle est-elle cruciale ? Elle est certes un moment important dans la vie d’une nation, mais cruciale, c’est moins sûr. Sauf peut-être dans le cas présent où il faudra voter en faveur d’un homme cloué sur un fauteuil, et auquel la nomenklatura ne parvient pas à trouver un successeur. L’élection est d’autant plus cruciale qu’elle interviendra en mars 2019, en plaines purges au sein de l’appareil militaire, sécuritaire, en plus de celui du FLN, le parti au pouvoir depuis 1962.

Pas de renouvellement, donc, de la classe politique, M. Bouteflika ayant été l’un des dirigeants de la lutte armée lors du tout début de la seconde moitié du 20ème siècle… et pas de renouvellement non plus du discours, avec cette phrase à relever dans le message présidentiel, sur ce « vaillant peuple qui a donné au monde, par le passé, une leçon de sacrifice et d'émancipation, et qui est devenu aujourd'hui, grâce à ses sacrifices et à la clairvoyance et à la sagesse de ses enfants, une référence en matière d'extinction des feux de la Fitna, de lutte contre la division et d'éradication de la logique de haine ».

Alors, qui a dit qu’il n’y avait pas de décideur en Algérie, puisque le président semble avoir recouvré l’ensemble de ses facultés, mentales. Sauf à dire que ce message menaçant et rude n’est pas de lui, ce qui serait une autre histoire…

AB

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