Depuis son assassinat le 2 octobre dernier, le monde entier est ébranlé devant les circonstances de sa mort. Lui, c'est Jamal Khashoggi, mais comment a-t-il pu passer du statut « ami » de la famille royale saoudienne, à celui de l’ennemi public numéro un du prince héritier Mohamed Ben Salmane, surnommé MBS ?

Jamal Khashoggi devait fêter ses 60 ans le 13 octobre, mais le 2, il entre au consulat saoudien d’Istanbul et n’a plus jamais été revu ni vivant ni mort, et pour cause, son corps n’a toujours pas encore été retrouvé. Des journaux turcs et américains affirment qu’il a sauvagement été tué et ensuite démembré. Les autorités saoudiennes, qui dans un premier temps ont nié leur implication dans sa mort, ont finalement avoué il y a quelques jours, qu’il a effectivement été tué au consulat tout en affirmant que le prince Mohamed n’était pas au courant de l’opération.  

Né le 13 octobre 1958 à Médine, Jamal Khashoggi a eu une carrière riche en rebondissements. Après avoir très étroitement fréquenté les Frères musulmans, il a ensuite travaillé pour le compte de certains médias saoudiens, après avoir intégré le cercle très fermé des dirigeants du royaume. Mais après une vague d’arrestations de journalistes en Arabie Saoudite en 2017, il décide de s’exiler aux Etats-Unis. Il n’a cessé depuis, de dénoncer les excès du prince saoudien.

À la fin des années 1970, il soutient la résistance afghane contre les soviétiques. Déjà journaliste à l’époque, il se rend en Afghanistan et c’est l’occasion pour lui de réaliser ses premières interviews d'Oussama Ben Laden, qui n’était à l’époque qu’un autre jeune Saoudien, qui combat lui aussi...

contre les Soviétiques. Il prendra ses distances avec son ami une dizaine d’années après, quand Oussama aura basculé vers le terrorisme. Après avoir étudié aux Etats-Unis, il revient en Arabie saoudite, et rejoint les Frères musulmans, courant mal vu à Ryad.

Il est le neveu du célèbre marchand d’armes Adnan Khashoggi, considéré comme l’homme le plus riche au monde dans les années 1980 et aussi le cousin de Dodi Al Fayed, tué à Paris dans un accident de voiture en 1993, aux côtés de la princesse Diana. Issu d’une grande famille saoudienne, et très proche de la cour royale, Jamal Khashoggi a pu occuper des postes de conseiller à Riyad et à Washington. En 2015, contre toute attente le roi Salmane désigne son fils Mohamed comme l’héritier du trône, prince qui se verra très vite critiqué par Jamal Khashoggi au sujet de son intervention au Yémen. En 2016, il lui sera aussi demandé d’arrêter d’utiliser son compte Twitter sur lequel il attaquait ouvertement Donald Trump, très apprécié au palais royal. Il se voit alors dans l’obligation de s’exiler aux Etats-Unis, après qu’on l’ait accusé de soutenir toujours les Frères musulmans, et d’entretenir des liens avec l’Iran.

Il est tué le 2 octobre 2018, alors qu’il entrait au consulat saoudien d’Istanbul pour y effectuer des démarches administratives en vue de son futur mariage avec sa fiancée turque. Aujourd’hui, Recep Tayyip Erdogan, exhorte le procureur saoudien en charge de l’affaire, à trouver le commanditaire de l’opération. Et vite, très vite... le président turc détient des informations qu'il est seul à connaître, et laisse planer le doute sur ses intentions de les révéler. 

Meriem Boucetta