Affaire Khashoggi : Ryad en mauvaise posture face à Ankara et Washington

Affaire Khashoggi : Ryad en mauvaise posture face à Ankara et Washington

Alors qu’il est entré au consulat pour y effectuer une démarche administrative nécessaire pour son futur mariage avec sa fiancée turque, Jamal Khashoggi n’en est jamais ressorti. Depuis, la famille royale saoudienne est soupçonnée d’être impliquée dans l’affaire.

Pour rappel, Jamal Khashoggi, journaliste saoudien, s’était exilé aux Etats-Unis en 2017, redoutant son arrestation suite aux critiques de certaines décisions du prince héritier Mohamed Ben Salmane au sujet, entre autres, de son intervention militaire au Yémen.  

Le 11 octobre dernier, le Washington Post auquel M. Khashoggi collaborait révèle qu’il a bel et bien été tué au consulat saoudien d’Istanbul. Le quotidien américain affirme que les autorités turques détiennent plusieurs preuves d’enregistrements audiovisuels pouvant incriminer les Saoudiens sur l’affaire : « Les enregistrements montrent qu'une équipe de sécurité saoudienne a détenu Jamal Khashoggi dans le consulat, avant de le tuer et de démembrer son corps ». Cependant, aucune déclaration officielle de la part des autorités turques n’a encore officiellement confirmé ces propos.

Lundi 15 octobre, la chaîne CNN affirme que l’Arabie Saoudite va finalement reconnaître que M. Khashoggi a été tué à Istanbul dans son consulat, à l’issue d’un interrogatoire qui aurait mal tourné (ce qui explique les cris dans les enregistrements vocaux). Toujours selon la même source, les Al Saoud pourraient reconnaître les faits sans pour autant admettre leur implication dans l’affaire. Ils auraient affirmé que les auteurs du meurtre seraient des hommes de main dépêchés en Turquie sans l'autorisation des plus hautes autorités du royaume.

Toujours selon des sources non officielles,...

deux quotidiens turcs affirment que Jamal Khashoggi portait à son poignet, « une montre intelligente » reliée à un téléphone qu’il avait laissé entre les mains de sa fiancée. La montre de Jamal Khashoggi aurait enregistré son « interrogatoire », les « tortures » qu'il auraient subies et son « meurtre » à l'intérieur du bâtiment.

Vers des représailles diplomatiques et économiques entre Ryad, Ankara et Washington

Après que le gouvernement turc eût dénoncé le manque de coopération de la part des Saoudiens, notamment en fermant les portes du consulat aux enquêteurs turcs afin qu’ils puissent mener à bien leurs investigations, le Président américain promet « un châtiment sévère » pour Ryad s’ils s’avérent responsables. « Pour l'instant, ils démentent leur implication et la démentent vigoureusement. Est-ce que ça pourrait être eux ? Oui », a ajouté Donald Trump dans un entretien avec la chaîne de télévision CBS.

Le gouvernement saoudien rejette quant à lui les menaces de Washington en niant toute implication dans le « meurtre » de M.Khashoggi.

Dans le but de protester contre la disparition du journaliste, plusieurs grands patrons américains ont refusé de participer au « Future Investment Initiative » à Riyad. A cause des désistements de plusieurs partenaires économiques, l’évènement organisé du 23 au 25 octobre, fait déjà parler de lui alors qu’il n’a même pas encore commencé. Les PDG de Virgin, Uber ou encore Ford ont été les premiers à faire part de leur désistement au sujet de leur participation à la conférence en raison des forts soupçons de d’implication de l’Arabie Saoudite dans la disparition du journaliste. 

 MB

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