1ère Université d’été de la CGEM : des annonces, des absences et un démarrage à petite cadence

1ère Université d’été de la CGEM : des annonces, des absences et un démarrage à petite cadence

Il voulait démarrer son mandat par une activité forte, et il l’a eue… Le nouveau président de la CGEM Salaheddine Mezouar a donc organisé son université d’été, sur le campus de l’ISCAE, les 28 et 29 septembre. Des intervenants, de qualité plutôt élevée, sont venus, ils ont parlé, et puis tout le monde est parti. C’est cela une université d’été… beaucoup de paroles et des jeux de rôles.

Ainsi donc, au départ, on sent la touche de l’ancien ministre des Finances puis des Affaires étrangères, devenu président de la CGEM. Comme stars de la journée d’ouverture, Dominique de Villepin et Jean-François Copé, lointains premier ministre et ministre du Budget de France, venus partager leurs convictions. Si pour le second, l’exercice a confiné à une posture devant un pupitre, sur une estrade, M. de Villepin a déroulé sa vision du monde. En gros, un monde qui se « repolarise », entre Etats-Unis et Chine, lancés dans une guerre commerciale, qui sous-tend un affrontement technologique, sur fond de crise de civilisation ouverte.

Lancée sous le thème « une entreprise forte, un Maroc qui gagne », l’université d’été de la CGEM veut en effet voir grand, avec un Mezouar enchanté qui appelle à un « changement de mindset », comprenez logiciel, façon de penser. Il faut aller vers l’entreprise, mais vers la PME et la TMP, véritables sources de richesses et de création d’emplois. Mais un changement de mindset implique un changement global dans la gouvernance, ses méthodes, ses objectifs et ses pré-requis. Il faudra du temps.

S’il est une chose que la CGEM de Salaheddine Mezouar veut mettre en exergue, c’est bien la jeunesse. Cela commence par la symbolique de l’organisation de cette 1ère université d’été à l’ISCAE, puis par la mise en compétition de plusieurs équipes de jeunes pour la création et la conception d’applications. Ces jeunes ont été honorés à la fin de l’événement, recevant des prix de la main des ministres présents. Mais Mehdi Alaoui, patron de La Factory a lancé à la salle que « les petites entreprises n’ont pas besoin d’argent, mais de bons de commande ». Certes, mais en réalité, elles ont besoin des deux. L’argent est le nerf de la guerre et aujourd’hui, on ne parle que de guerre, technologique, idéologique, commerciale…

Et de fait, le tout récent ministre des Finances Mohamed Benchaâboune a affirmé que désormais, « nous (le gouvernement, NDLR) prenons l’engagement de rembourser tout le passif constitué à ce jour. Nous nous engageons...

également à respecter les délais fixés par les textes », et que donc, l’Etat injectera 40 milliards d’arriérés TVA dans l’économie. Comment, d’où viendra cet argent ? Le ministre ne l’a pas dit. Mais il a développé toute une batterie de mesures pour le financement des TPE et PME, qui se trouvent coincées entre les banques qui ne financent pas les petits projets et les associations de micro-crédit qui ne financent que les très petits. D’où un « Small business act », une loi sur mesure pour les PME et TPE, en plus de la réorganisation des fonds de garanties, en réduisant leur nombre de 12 à 2, un pour le financement de trésorerie, et l’autre pour l’investissement.

En revanche, son collègue au Commerce et à l’Industrie Moulay Hafid Elalamy y a été de son coup de gueule, dénonçant la sinistrose : « Tout va-t-il bien ? Jamais. Tout va-t-il mal ? Non ». Fort bien, mais on avance, semble-t-il vouloir expliquer. A preuve, le secteur de l’automobile, véritable marotte de MHE, qui y a été de son habituel couplet sur le taux d’intégration qui présente cette particularité de ne pas être vérifiable, ou alors très difficilement…

Tout cela est donc bien positif, mais on aura senti lors de cette Université d’été un vent de changement à la CGEM, avec une volonté manifeste de M. Mezouar et de ses équipes de faire oublier l’ère Miriem Bensalah, ce qui sera une tâche ardue… A la seconde journée, on aura croisé peu de figures connues de la CGEM, et il n’y avait qu’un seul past-président (Mohamed Horani), mais plusieurs absents de marque : MM. Lahjouji et Chami, Mme Miriem Bensalah. Et les grands patrons…

Les anciens sont déjà au front contre M. Mezouar, à qui on reproche de diriger la CGEM comme il avait jadis conduit le RNI, sans un respect plutôt mitigé des statuts. La pomme de discorde actuellement consiste en la refonte du Conseil d’administration, pléthorique, et la parité au sein des instances, problématique, en plus d’une forte suspicion d’intrusion de patrons proches du RNI, ci-devant parti du président Mezouar. Mais cela est une autre histoire, qui montre toutefois que les débuts de Salaheddine Mezouar à la CGEM ne répondent pas aux attentes exprimées, ou même simplement souhaitées, voire rêvées, lors de la campagne d’avril-mai. M. Mezouar devra se défaire de cet art très politicien du Maroc de beaucoup promettre, en tenant peu, dans une sorte de « carpe diem » politique.

Aziz Boucetta

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