Le président algérien maintenu en vie artificiellement selon l'ancien ambassadeur français

Le président algérien maintenu en vie artificiellement selon l'ancien ambassadeur français

La crise de la succession en Algérie continue de faire couler l’encre après que l’ancien ambassadeur français, Bernard Bajolet (photo), a déclaré que le président Bouteflika était artificiellement maintenu en vie.

Cette déclaration intervient alors que des voix ayant un intérêt direct dans le régime appellent à un cinquième mandat pour le président Bouteflika, dont les apparitions publiques appartiennent au passé.

Il y a quelques semaines, les spéculations sur l’état de santé du président algérien a poussé Eddie Cohen,  un chercheur israélien du Centre d’études stratégiques Begin-Sadat, à dire que Bouteflika était en état de « mort clinique ». Citant des sources européennes, il ajoute que des équipes médicales suisses et françaises travaillaient pour le sauver.

Bajolet, qui a servi comme chef de la DGSE, a livré une critique acerbe au régime algérien lors d'une interview avec Le Figaro, affirmant que le président algérien était artificiellement maintenu en vie.

«Le président Bouteflika, avec tout le respect que je ressens pour lui, est maintenu en vie artificiellement. Et rien ne changera dans cette période de transition », a-t-il déclaré.

D'éminents politiciens et intellectuels algériens ont exprimé leur mécontentement alors que le régime algérien préparait un cinquième mandat pour Bouteflika qui est maintenant confiné dans un fauteuil roulant.

Le président qui a récemment subi des examens médicaux en Suisse au milieu d’une épidémie de choléra dans son...

pays est gravement malade et sa voix est à peine intelligible.

Bouteflika est fragile depuis qu’il a été victime d’un accident vasculaire cérébral en 2013, ce qui a affaibli sa mobilité et l’a contraint à travailler depuis sa résidence de Zeralda, à l’ouest d’Alger.

Les analystes estiment que le maintien d'un président malade dont les capacités physiques et mentales sont entourées d'incertitude est révélateur d'une lutte de pouvoir au sein du régime du pays.

Les clans rivaux au sein du régime ne sont pas d'accord sur le successeur de Bouteflika. Par conséquent, ils maintiennent le président âgé de 80 ans en difficulté comme une mesure d'achat de temps dans un signe qui est de mauvais augure pour l'avenir du pays.

La santé de Bouteflika jette également une ombre sur l'opacité d'un régime où le pouvoir est généralement présumé appartenir à des groupes de chefs militaires, de responsables du renseignement, d'hommes d'affaires et de politiciens collectivement connus sous le nom de Le Pouvoir.

L'opacité du régime et le secret qui entoure le successeur de Bouteflika ont également empêché l'Algérie de mener à bien des réformes économiques visant à sortir son économie de la dépendance aux hydrocarbures.

L'incertitude entourant la succession de Bouteflika s'ajoute au mélange explosif de l'Algérie: économie en difficulté, revenus pétroliers en baisse, corruption généralisée, cohésion sociale fragile et menace terroriste persistante, qui font du pays une poudrière en attente d'explosion.

Mouhamet Ndiongue

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