Pourquoi le Maroc ne doit définitivement pas accepter des centres de rétention de migrants sur son territoire ?

Pourquoi le Maroc ne doit définitivement pas accepter des centres de rétention de migrants sur son territoire ?

Installer des centres de tri sur le sol marocain ? C’est du moins ce que commence à craindre une partie de l’opinion publique marocaine, alors même que rien d’officiel ne figure officiellement dans les chancelleries européennes. Pour sa part, le président français Emmanuel Macron projetterait une visite sur nos terres, et si cette visite a effectivement lieu, elle serait axée autour de la problématique de l’immigration. L’Europe s’inquiète, l’Espagne est désormais la porte d’entrée principale des migrants africains, et le Maroc est situé juste en dessous.

Après avoir verrouillé le passage turc à grands jets d’euros et de concessions européennes pour la Turquie du président Erdogan, il s’agit aujourd’hui de faire face aux flux ininterrompus des migrants subsahariens qui arrivent sur le Vieux Continent, en provenance essentiellement du Maroc, d’Algérie et de Libye. Or, la Libye étant actuellement sous les feux des projecteurs de l’UE, et l’Algérie définitivement non accueillante pour les Subsahariens, les migrants préfèrent désormais le Maroc plus tranquille.

C’est donc vers le royaume que se tournent les Européens. La chancelière allemande était récemment chez son homologue espagnol Pedro Sanchez, et ils ont dit beaucoup de bien du Maroc, pays de transit et d’accueil de migrants, qu’il faut soutenir, disent-ils, qu’il faut soutenir, affirment-ils… Mais l’idée des centres de rétention chez nous est dans tous les esprits, avant que d’oser s’en aller dans les bouches…

Ce sont en fait des centres de tri (!!), joliment, pudiquement et allusivement appelés aussi « plateformes de débarquements régionales », des camps où l’on parquera des migrants, que des Européens viendront trier en fonction de leurs intérêts, acceptant les uns, rejetant les autres ! Le 28 juin dernier, les ministres des Affaires étrangères du Maroc et d’Espagne se réunissaient pour évoquer cette idée, mais le royaume a opposé une fin de non-recevoir claire et définitive à la proposition du Conseil de l’Europe d’installer des centres de rétention dans certains pays du Maghreb, dont le Maroc.

Selon des médias européens,...

c’est précisément cette idée que voudront et viendront défendre les différents responsables européens, d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie, en plus d’Emmanuel Macron, quand ils seront à Rabat, dès la rentrée.

Que cela soit 60 ou 600 millions d’euros, accueillir ces centres de tri, de rétention ou de sélection serait aller à l’encontre des intérêts africains du Maroc, lequel a déployé une grande politique en direction de son continent, fondée d’abord sur l’humain. Accepter ces centres de rétention serait ouvrir d’immenses camps à ciel ouvert, dans un déni de dignité pour ceux qui y seront parqués (le mt est fort, mais il reflète la réalité des intentions).

Accepter ces centres de rétention serait lancer un signal à des milliers, voire des dizaines, peut-être de centaines de milliers de gens désireux de se rendre en Europe à venir au Maroc.

Accepter ces centres de rétention serait prendre le risque de se retrouver avec des gens, des hommes et des femmes, des êtres humains, refusés par l’Europe, et qui seront installés au Maroc.

Accepter ces centres de rétention au Maroc serait un message très négatif émis par le royaume qui doit recevoir en fin d'année un Sommet mondial de la migration, où des solutions plus intelligentes, plus pertinentes, plus humaines devront être prises, autres que celle consistant à "parquer" des gens dans des camps et attendre que l'on y vienne d'Europe pour les trier !

Accepter ces centres de rétention chez nous serait refuser l’humanité des gens y retenus. Il importe que les Européens le comprennent, et à défaut, il appartient au Maroc de le leur faire admettre, et de chercher les solutions à la question migratoire ailleurs que dans ces camps, qui ne sauraient en aucune façon être la solution finale…

Macron, Merkel, Sanchez, Salvini et les autres veulent des solutions qui les arrangent, mais qui ne conviennent pas forcément aux Africains. On attendra donc la réaction, face à eux, de Mohammed VI, Sall, Ouattara, IBK, Kagamé…

Aziz Boucetta

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