Le Maroc bouche les trous, l’Espagne et l’Allemagne promettent leur soutien

Le Maroc bouche les trous, l’Espagne et l’Allemagne promettent leur soutien

Les autorités marocaines ont déplacé de force des centaines de migrants ces derniers jours dans des camps et des habitations dans le nord du royaume, a déclaré samedi un responsable local et un groupe de défense des droits.

« C'est une opération qui fait partie de la lutte contre l'immigration clandestine », a déclaré un responsable au nom des autorités locales à Tanger.

Le fonctionnaire a estimé qu'entre 1 600 et 1 800 personnes avaient été « déplacées dans des villes où les conditions de vie sont meilleures ».

Mais un représentant d'une organisation marocaine de défense des droits de l'homme a déclaré aux autorités de l'AFP détenues et déplacées de force les migrants, qualifiant cette décision d’illégale.

« Les autorités ont continué samedi à conduire des migrants en bus depuis Nador et Tanger vers la ville de Tiznit, près d'Agadir » dans le sud du pays, a déclaré Omar Naji de l'Association marocaine des droits de l'homme.

« Les opérations ont commencé mardi et les autorités ont arrêté des centaines de migrants dans des camps près de Nador ou dans des maisons de la ville », at-il ajouté.

Il n'a pas pu préciser combien de migrants avaient été expulsés de Tanger.

« Les arrestations sont illégales car elles sont sans mandat judiciaire » et le Maroc, l'Espagne et l'Union européenne sont responsables, a déclaré Naji.

Dans un récent rapport, le département d’Etat américain a déclaré que Rabat « avait considérablement réduit les expulsions forcées au cours des deux dernières années, mais qu’il continuait à procéder à des délocalisations internes forcées de migrants irréguliers, en particulier à Nador ».

L'Espagne a dépassé l'Italie cette année comme premier point d'entrée pour les migrants à destination de l'Europe.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations, depuis le mois de janvier, l'Espagne a accueilli plus de 23 000 migrants, soit plus que le nombre total de migrants l'an dernier, après avoir traversé la Méditerranée.

La Commission européenne et l'Espagne veulent développer un "partenariat renforcé" avec le Maroc sur les questions de migration, y compris l'aide à la gestion des frontières.

La plupart des migrants transitant par le Maroc sont d'origine sub-saharienne.

Migration l’Espagne et l’Allemagne soutiennent le Maroc

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont souligné, samedi à Sanlúcar de Barrameda (Cadix-Sud), la nécessité d’intensifier la coopération de l’Union européenne (UE) avec le Maroc dans le domaine migratoire.

 «Le Maroc est en train de souffrir de la pression des flux migratoires de l’Afrique subsaharienne et, par conséquence, nous avons besoin de renforcer notre...

coopération non seulement avec les pays d’origine mais aussi de transit comme le Royaume », a dit Pedro Sanchez lors d’une conférence de presse conjointe au terme d’un déjeuner de travail avec Angela Merkel.

Pedro Sanchez a rappelé que les conclusions du Conseil européen tenu en juin dernier «reflètent l’engagement de l’ensemble des institutions communautaires et des Etats membres de l’UE quant à la nécessité de renforcer la coopération avec le Maroc et de conférer au Royaume le rôle clé qui lui incombe dans la gestion des flux migratoires».

 «Nous avons partagé la chancelière et moi, durant le déjeuner de travail, la conviction que le Maroc est l’un des principaux partenaires de l’Union européenne et de l’Espagne», a poursuivi le chef de l’Exécutif espagnol, faisant savoir que des négociations sont en cours avec la Commission européenne pour la mise à disposition de ressources financières nécessaires afin d'aider le Maroc en matière de gestion de flux migratoires.

Il a relevé, par ailleurs, que l’Espagne et l’Allemagne défendent une politique migratoire européenne «transversale, horizontale et holistique», fondée surtout sur le renforcement de la coopération de l’UE avec les pays d’Afrique, notamment ceux du nord du continent, non seulement dans le domaine de la migration, mais surtout du développement.

Angela Merkel a souligné, en outre, que l’UE doit intensifier sa coopération avec le Maroc en matière migratoire et consolider les fonds de coopération destinés au Royaume et à la Tunisie, «des pays frontaliers qui ont besoin d’aide» en la matière.

Elle a fait observer que «le Maroc, pays qui joue un rôle très important dans la question de la migration, est aussi un partenaire avec lequel nous avons des relations économiques et des contacts étroits».

L’Allemagne, qui travaille depuis des années avec le Royaume sur des questions liées au développement (…), veut contribuer à soutenir le Maroc face au défi migratoire, a poursuivi la chancelière allemande, ajoutant que son pays et l’Espagne partagent une approche commune dans ce domaine.

La migration représente «un défi que nous devons affronter de manière conjointe. Aucun pays ne peut prétendre être à l’abri de ce défi. C’est une question qui nous pose un problème en tant qu’Union européenne», a noté encore Angela Merkel.

Elle a estimé que l’Europe «ne doit pas seulement parler de l’Afrique mais aussi avec l’Afrique pour juguler le phénomène migratoire et apporter une position commune lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement, prévu à Salzbourg en septembre».

MN

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