Sahara - L’ONU, plus « machin » que jamais ?...

Sahara - L’ONU, plus « machin » que jamais ?...

Cela en deviendrait presque lassant… Les Envoyés spéciaux de l’ONU se suivent, tout en ne se ressemblant pas beaucoup. Et les contraintes et les blocages pour la résolution du conflit du Sahara sont toujours là, et les choses piétinent encore, et toujours. Lors de son briefing devant le Conseil de Sécurité, ce 8 août, Horst Koehler semble plonger à son tour dans les atermoiements diplomatiques.

En gros, il est pour une résolution du conflit du Sahara, rapidement, comme l’exhorteraient à le faire les Nations-Unies. Il remercie le Maroc, il loue les autres, et il essaie d’avancer en terrain miné (ce qui n’est pas une métaphore…). Mais rien n’avance, justement.

Retenons cette phrase du roi Mohammed VI, lors de son discours du 6 novembre 2017 : « Les expériences passées devraient permettre de méditer sur une évidence : le problème n’est pas tant de trouver une solution à cette affaire, mais plutôt d’arriver à définir le processus à suivre pour y parvenir ». Et c’est bien là tout le problème…

En effet, les deux parties que sont le Maroc et l’Algérie – et cela est de notoriété internationale, nonobstant les subtilités sémantiques diplomatiques – se renvoient la balle : Rabat dit vouloir discuter certes, mais avec son véritable protagoniste et adversaire, en l’occurrence l’Algérie, qui de son côté, s’en lave les mains et dit que le seul et unique interlocuteur du Maroc est et restera le Polisario. Tant que les choses resteront ainsi, rien ne bougera, rien n’évoluera… sauf les nébuleuses terroristes qui essaiment au Sahara et menacent de plus en plus l’Europe et le Sahel.

Pourtant, tout a changé… un grand mouvement de remplacement politique a eu lieu depuis trois ans : Antonio Guterres est arrivé à la tête de l’ONU, Emmanuel Macron a conquis la présidence de son pays la France, de même que Trump, aux Etats-Unis, l’UA a changé de chefs et l’UE aussi, les Espagnols ont connu des évolutions de leur personnel politique, et même le Polisario a un nouveau chef, recherché certes pour crimes contre l’humanité, mais chef quand même. Mais les données du problème restent, elles, inchangées.

Horst Koehler, le nouvel émissaire onusien, est venu, a vu, et tarde à être convaincu. Economiste qu’il est, il a bien compris que le Maroc est chez lui, en plus de se sentir...

chez lui. En effet, l’ancien patron de la BERD et du FMI sait que quand une nation injecte 8 milliards de $ dans un territoire de 200.000 âmes, c’est qu’elle est sûre de son fait, et le Maroc a engagé cet argent dans ses provinces du Sud. Alger, pour sa part, maintient son argumentaire du Maroc puissance occupante et du Polisario mouvement de libération d’un peuple brimé et opprimé. Fort bien, mais un peuple brimé et opprimé se soulève généralement, ce qui n’est pas le cas des Sahraouis de Tindouf. Ou plutôt si… des manifestations ont éclaté dans les camps en juin 2018 et le siège du Polisario a même été investi, brièvement mais investi quand même.

On peut cependant tabler sur une lassitude inquiète des puissances occidentales face à ce conflit qui facilité les choses pour les groupes terroristes, le Sahel étant devenu depuis la défaite de Daech en Mésopotamie le coin du monde où les terroristes prospèrent le plus et le mieux. Il faut lire les résolutions sur le Sahara depuis trois ans pour prendre la mesure de cette lassitude internationale…

Cette fois, le 27 avril 2018, et pour la première fois, la mission de la Minurso a été reconduite pour 6 mois seulement, une manière pour la communauté internationale de signifier son mécontentement. Le Maroc continue de dire qu’il est prêt à discuter, mais avec ses vrais adversaires, et les Algériens, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, persistent à mettre leur création/créature en avant. Il faudra sans doute attendre de connaître le sort de la présidence algérienne en 2019 : Si le président sortant, et souffrant, Abdelaziz Bouteflika est toujours là, alors on peut déjà prophétiser que la mission de M. Koehler sera un échec. Dans le cas contraire, tout dépendra de son successeur…

Le délai du 31 octobre approche donc, pour la réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara, et rien ne point à l’horizon. Faudrait-il donc attendre de l’ONU qu’elle agisse comme une véritable institution internationale, qui prend des décisions, ou de ce machin dont aurait un jour parlé le général de Gaulle en France ? Réponse dans une dizaine de semaines. Dans l’attente, le terrorisme avance et le développement du Maghreb, qui pourrait être, si uni et prospère, un « absorbeur de migrants », piétine…

Aziz Boucetta

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