Ahmed Lahlimi à Reuters : « 1 diplômé sur 3 du supérieur ne trouve pas d’emploi au Maroc »
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- 04 août 2018 --
- Maroc
Décidément, ça va mal, dans l’autoproclamé « plus beau pays du monde »… Quelques jours après les sorties de Driss Jettou et d’Abdellatif Jouahri, respectivement patrons de la Cour des comptes et de Bank al-Maghrib, voici venu le tour du Haut-commissaire au Plan Ahmed Lahlimi qui, lui, a choisi l’agence de presse Reuters pour tirer la sonnette d’alarme : Un diplômé universitaire marocain sur trois ne peut pas trouver d'emploi au Maroc !
La raison se trouve dans une croissance économique lente, du faible niveau d’investissement et d'un système éducatif qui ne développe pas les compétences pour l’employabilité immédiate des jeunes diplômés.
« Au cours des cinq dernières années, une moyenne de 60.000 personnes ont obtenu leur diplôme chaque année dans les établissements d'enseignement supérieur marocains, et 20.000 n’ont pa trouvé d'emploi », a déclaré Ahmed Lahlimi, qui a précisé en outre que si le taux de chômage est tombé à 9,1% au deuxième trimestre de 2018, contre 9,3% à la même période en 2017, cette baisse restait largement due au secteur agricole suite à une bonne pluviométrie, et sachant que l’agriculture représente 15% d’un PIB d’environ 110 milliards USD.
S’agissant de croissance économique, le patron du HCP a affirmé que sur la base de la future production agricole probable, la croissance du PIB devrait ralentir à 2,9% en 2019, contre 3,1% en 2018. « Avec une croissance aussi lente, le Maroc...
ne fait pas assez pour réduire de manière significative le chômage et combler les disparités sociales. L’impact de la croissance sur la création d’emplois a continué de diminuer depuis 2000 ».
Quant au système éducatif, épinglé par MM. Jettou et Jouahri, il doit selon M. Lahlimi être amélioré, de la maternelle à l'université : « L'éducation est l'échelle sociale qui pourrait sortir les gens de la pauvreté, réduire les disparités et lutter contre les inégalités sociales. Quant à la formation professionnelle, essentielle, elle continue d'attirer des étudiants largement en échec alors qu’elle devrait susciter l’intérêt des personnes motivées à faire des emplois qui répondent aux besoins du marché du travail, parallèlement aux progrès technologiques ».
Par ailleurs, « le Maroc doit renforcer la compétitivité de son tissu économique, notamment les petites et moyennes entreprises », martèle Ahmed Lahlimi, ajoutant que « la hausse des exportations ne reflète pas la réalité de la dépendance du Maroc à l'égard des importations qui pèsent sur la balance commerciale. Les plus grandes industries exportatrices, telles que le secteur automobile, dépendent largement des pièces importées. Et cela a un impact supplémentaire sur le financement et l’aggravation du déficit commercial ».
Le déficit s'est creusé de 7,8% à 100,832 milliards de DH (10,64 milliards de dollars) au cours des six premiers mois de 2018 par rapport à la même période de l'année dernière, les voitures ayant dépassé les exportations.
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