Les pensions, pomme de discorde entre le PJD et le PAM
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- 24 juillet 2018 --
- Maroc
Les Marocains se sont tournés vers les médias sociaux la semaine dernière pour dénoncer la décision du PJD de maintenir les retraites « excessives » et les compensations accordées aux députés et aux ministres après leurs mandats conformément au décret royal de Dahir de 1975 sous le règne du roi Hassan II.
PJD a annoncé mardi dernier que la majorité des députés ont voté en faveur du maintien de leurs retraites à vie et de la compensation qui leur a été accordée ainsi qu'aux ministres du gouvernement marocain.
L'ancien ministre du budget et chef de la section parlementaire du Parti pour la justice et le développement (PJD), Idris El Azami Idrissi, a expliqué pourquoi le PJD a reconsidéré sa proposition de mettre fin aux retraites.
El Azami: « Nous avons reçu les noms d'anciens députés qui deviendront dans une situation financière difficile si les pensions devaient cesser. »
El Azami a ajouté que les membres du PJD et ceux de la Chambre des représentants, à l'exception du Parti de l'authenticité et de la modernité (PAM), se sont mis d'accord sur une solution alternative pour ramener les pensions mensuelles à 3.500 MAD.
La nouvelle proposition suggère que les députés et les ministres commenceront à recevoir les pensions à l'âge de 65 ans au lieu de commencer immédiatement après la fin de leur période de service.
Pour sa part, PAM a demandé au gouvernement d'établir une boîte de collecte de fonds pour les députés, une autre proposition controversée qui a inspiré la moquerie des Marocains sur les médias sociaux.
« Boîte de charité pour aider les députés appauvris »
Plusieurs utilisateurs de médias sociaux marocains ont lancé une campagne satirique en réaction à leur appel à une campagne de collecte de fonds et à la décision d'El Azami.
Un utilisateur de Facebook a posté une photo de lui tenant de l'argent et souriant dans un pur sarcasme, en disant: « Comme les députés périssent dans la pauvreté (comme l'a dit El Azami) voici un dinar tunisien de 25 dollars que je leur ai fait don afin que notre frère député puisse inscrire ses enfants dans une école privée et passer ses vacances à l'étranger! »
Un autre a posté: « Moi, Mohamed Zekri, je contribue avec un Dirham symbolique pour soutenir les députés dans une" situation difficile »
Certains ont même fait une boîte sur laquelle ils ont écrit: « Boîte de collecte de fonds pour les pauvres députés ... Aider les dormeurs de la nation », se référant à des images qui viraient les députés endormis au...
milieu d'une session du Parlement.
Est-ce vraiment un «débat populiste»?
Les revenus mensuels des ministres du gouvernement et des retraités de MP s'élèvent respectivement à 20 000 et 35 000 dirhams. Les ministres y ont droit même s'ils n'ont servi que pendant un ou deux ans, alors que les fonctionnaires des différents secteurs gouvernementaux reçoivent des salaires aussi bas que 2 000 dirhams ou 3 000 dirhams.
La question a suscité des débats parmi les Marocains pendant des années, car beaucoup ont fait valoir que les députés ne méritent pas de bénéficier d'une pension de retraite pour le reste de leur vie, les appelant à renoncer à leurs retraites.
En faveur des retraites, le secrétaire d'Etat en charge de l'eau, Charafat Afilal, a déclaré en 2015 que certains députés ont renoncé à leurs pensions en réponse à la demande du peuple.
Les affirmations d'Afilal ne portaient pas de preuves, et sa description du débat sur les retraites en tant que «populiste» a fait enrager beaucoup de Marocains qui la critiquaient pour avoir dénigré la question.
Pour aggraver les choses, le conflit entre les opinions et l'incapacité des ministres à parvenir à une décision finale et équitable a ajouté à la colère des Marocains au milieu de la crise du boycott en cours.
Les controverses Pensions et boycott
Si le spectre des retraites n'a pas encore disparu, la campagne de boycott pourrait suivre ses pas.
Tout comme certains ministres ont défendu la pension contre la demande populaire de réforme de la loi, plusieurs ministres et représentants du gouvernement ont dénoncé la campagne de boycott et appelé les citoyens à la suspendre, par crainte de la perte d'emplois des producteurs laitiers.
Le boycottage est une question délicate pour les Marocains car il ne s'agit pas seulement d'une protestation contre les monopoles de marché, mais aussi de la surcharge du pouvoir d'achat des consommateurs réguliers par des prix élevés injustifiés.
En fait, les deux protestations signifient une augmentation contre les disparités sociales pour de nombreux Marocains.
Le système de retraite marocain est composé de trois catégories principales : les pensions des fonctionnaires, les pensions des employés des entreprises publiques et les pensions des employés du secteur privé.
Le pourcentage de fonctionnaires et d'employés qui bénéficient de la retraite est plus élevé que le pourcentage de Marocains qui cotisent à la caisse de retraite.
Selon le Haut Commissariat au Plan du Maroc, les cotisations versées par les salaires des employés devraient entraîner un déficit de 7,4% du PIB d'ici 2050.
MN
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