Boycott : le PAM et Me Ouahbi veulent récupérer la vague de mécontentement (vidéo)

Boycott : le PAM et Me Ouahbi veulent récupérer la vague de mécontentement (vidéo)

Cela fait trois semaines maintenant que le Maroc est agité par cette curieuse, étrange et violente campagne de boycott des produits de trois entreprises, Afriquia, Sidi Ali et Danone. Les réseaux sociaux s’expriment sans discontinuer et le gouvernement s’enferme dans un silence de plus en plus coupable. Mais plus coupable encore est l’attitude de certains députés… à l’image de Me Abdellatif Ouahbi, du PAM.

En effet, l’étoile montante – et hurlante – du PAM Abdellatif Ouahbi aime le show, et aime encore plus qu’on regarde son show. Alors il en a fait un hier, au parlement, avec effets de manche, désordonnés, et glapissements, stridents. En fait, il réagissait au mutisme du gouvernement face au très large mouvement de boycott lancé mi –avril, et il reprochait au même gouvernement « de nous insulter, d’insulter le peuple, d’affronter la campagne par l’injure et l’invective ». L’allusion au mot du ministre des Finances Mohamed Boussaïd, « les écervelés » (mdawikh), est comprise par tous.

Le fond, légitime,  de son propos sur le boycott a été très peu servi par la forme, emportée et empruntée, excessivement théâtrale. Une posture politicienne. Mais ça marche… vidéo postée sur Youtube en milieu d’après-midi et qui a été visionnée près de 180.000 fois en quelques heures, avec près de 2.000 likes.

Les choses basculent dans ce qu’on pourrait prendre pour une récupération du réel mécontentement populaire par un PAM qui n’est plus que l’ombre de lui-même depuis les élections législatives d’octobre 2016, malgré sa cohorte d’une centaine de députés. Le PAM est aujourd’hui en crise institutionnelle, et son secrétaire général n’en finit pas de partir. Ilyas el Omari avait créé la surprise en août dernier lorsqu’il avait annoncé sa démission du secrétariat général de sa formation, avant de se rétracter et de décider finalement de…...

rester. Il est cependant poussé vers la sortie par plusieurs dirigeants de son parti, dont un certain Me Ouahbi, qui semble se voir SG à la place du SG.

Un Conseil national du PAM se tient le 26 mai, avec pour seul ordre du jour le sort du chef. Restera, restera pas ? Et si « restera pas », qui pour le remplacer ? C’est dans la logique de cette question qu’il faut appréhender la sortie tonitruante de Me Ouahbi, membre éminent du principal parti d’opposition à l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et benkiranien assumé lui-même.

Les récriminations – justes – du député PAM contre le gouvernement ont été mieux exprimées par l’Istiqlalien Noureddine Mediane qui a expliqué que « la fuite en avant ne sert à rien, sachant qu’il y a cherté de la vie, confusion au sein du gouvernement et action sur les réseaux sociaux ». « Où est le gouvernement ? Cela continuera face au silence du gouvernement », a ajouté l’élu.

Et Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, répond… en rappelant certains fondamentaux : « Le gouvernement n’a rien dit et s’il dit quelque chose, c’est par la voix de son porte-parole. Le voilà, le porte-parole, il n’a rien dit… Vous devriez faire la différence entre un ministre et le gouvernement », lance le ministre à Me Ouahbi à qui il reproche de faire dans la surenchère et auquel il assène « ce n’est pas criant comme ça qu’on avancera… on sait tous crier ». Certes, tout cela est vrai, mais le gouvernement doit, quand même, prendre position.

Pour sa part, le député coordinateur et directeur du siège du RNI Mustapha Baitas a également dénoncé les hauts niveaux ce prix : « La tendance est à l’augmentation des prix, et cela continuera dans les hydrocarbures. Le gouvernement doit réagir, puis agir, et ensuite communiquer ».  

AB

Commentaires