Le Maroc réagit aux frappes en Syrie, la doctrine diplomatique se précise

Le Maroc réagit aux frappes en Syrie, la doctrine diplomatique se précise

La doctrine diplomatique du Maroc apparaît de plus en plus clairement, à l’aune de chaque crise internationale, ou touchant les intérêts du pays. Le ministère des Affaires étrangères vient de publier un communiqué (ci-dessous), suite à l’intervention militaire conjointe des Etats-Unis, de la France et du Royaume Uni en Syrie, en réaction à une attaque présumée du régime syrien à l’arme chimique contre sa population.

Rabat ne va pas jusqu'à condmaner les frappes occidentales contre la Syrie, mais il déplore l'escalade, reprenant les termes de l'ONU et restant ancré dans la légalité internationale. Mais il ne soutient pas non plus, aveuglément.

Dans ses discours donnés ici ou ailleurs, le roi Mohammed VI insiste sur plusieurs points, que l’on retrouve dans ce communiqué :

1/ La légalité internationale :

2/ La retenue, dans le sens du non recours à la force (sauf dans des cas précis) ;

3/ La dénonciation des deux poids deux mesures.

Le communiqué des AE (et donc du palais royal), contextualise les choses, en faisant référence aux valses hésitations des Occidentaux pour ce qui se passe en Israël (deux poids deux mesures), ou même au Sahara, et en évoquant le Sommet arabe de demain, dénonçant le message très négatif adressé aux opinions publiques des pays arabes. Il s’inquiète des risques d’escalade, les Russes n’ayant pas vraiment accepté d’avoir été mis devant le fait accompli.

On retrouve les grands traits de cette doctrine, qui commence à apparaître, à travers la réaction du Maroc dans plusieurs crises :

1/ Le Qatar : non alignement sur les positions saoudiennes et mise en pratique d’une politique équilibrée entre les protagonistes ;

2/ Crise du Yémen : le Maroc intervient car les Houthis attaquent militairement l’Arabie saoudite, allié du Maroc, les deux pays étant liés par un engagement de se soutenir mutuellement en cas d’agression ;

3/ Lutte contre Daech : le Maroc est engagé militairement...

car il n’y a pas d’autre réaction à avoir contre Daech ;

4/ Le Sahara : le Maroc dit haut et fort ce qu’il pense, constate les manœuvres de changement de statu quo par le Polisario dans les zones tampon, menace de réagir, mais ne réagit pas. Peut-être devrait-il le faire, finalement…

5/ Non-alignement systématique et inconditionnel aux thèses occidentales.

Nous relevons l’attitude courageuse de Rabat face à ces frappes, sachant que la plus grande partie des pays arabes ont acquiescé aux attaques, et sachant que l’affaire du Sahara est actuellement débattue, ou le sera très prochainement, au Conseil de Sécurité.

Voilà le texte intégral du communiqué des Affaires étrangères :

Le Maroc, qui a toujours respecté le droit international, ne peut que dénoncer de la manière la plus claire, le recours aux armes chimiques, notamment contre des populations civiles innocentes.

Les expériences du passé nous ont enseigné que les options militaires, y compris les frappes aériennes – aussi justifiées ou proportionnelles soient elles - ne font que compliquer les solutions politiques, aggraver les souffrances des victimes civiles et exacerber leur sentiment à l’égard de l’occident.

Le timing choisi pour cette escalade, à la veille d’échéances arabes importantes, et l’absence de consultations appropriées habituelles, risquent de susciter interrogations, incompréhensions et indignation au niveau des opinions publiques.

De même, la gestion à deux vitesses des conflits internationaux, recourant dans certains cas aux options militaires rapides et, dans d’autres cas, à un traitement et une légalité internationale imposés, ne ferait qu’attiser les tensions internationales.

Le Royaume du Maroc considère que la solution à la crise syrienne ne peut être que politique, et espère que la raison va prévaloir pour une sortie de la crise qui permette la préservation de l’unité nationale de ce pays, la dignité de ces populations et la lutte efficace contre l’intolérance, l’extrémisme et le terrorisme.

AB

 

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