Echanges musclés entre Zuckerberg et les sénateurs américains

Echanges musclés entre Zuckerberg et les sénateurs américains

Cravate bleu Facebook assortie à la couleur de ses cernes, visage fermé... Mark Zuckerberg s'est voulu grave lors de son audition au Sénat. Crispé, il a d'abord fait face aux dizaines de photographes qui s'étaient massés dans l'une des salles d'audition du Sénat. Il a ensuite écouté les présidents des commissions de la Justice, du Commerce, de la science et des transports, rappeler les faits.

Comme lorsque l'un d'eux, le sénateur John Thune, lui a rappelé : « Ce que vous avez créé représente le rêve américain, vous êtes une source d'inspiration pour beaucoup. Vous avez l'obligation de faire en sorte que ça ne se transforme pas en cauchemar sur les données. »

En guise de réponse, Mark Zuckerberg a commencé par présenter ses excuses. Lors de son discours, publié avant son audition, il a reconnu plusieurs erreurs. Et il en endosse l'entière responsabilité. « C'est mon erreur, et j'en suis désolé. J'ai fondé Facebook et je l'ai développé, je prends la responsabilité de ce qui est en train de se passer. »

Il a ensuite expliqué les mesures prises depuis les affaires de l'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine et de Cambridge Analytica : l'entreprise a augmenté le nombre de salariés dédiés à la vérification des contenus (15.000 puis 20.000 en fin d'année), a lancé un processus de révision de « dizaines de milliers d'applications », qui seront bannies de la plate-forme si Facebook trouve des activités malveillantes...

Mais les premières difficultés sont apparues pour Mark Zuckerberg au moment des questions des sénateurs. Comme lorsque Bill Nelson joue le faux candide en citant des explications de Sheryl Sandberg (la directrice d'exploitation de Facebook) et demande : « donc pour ne pas voir des publicités que je n'ai pas demandé à voir, je vais devoir payer, c'est...

bien cela ? » Le jeune patron ne répond pas clairement mais finit par reconnaître que si certains utilisateurs désactivent la publicité ciblée, il faut penser à d'autres sources de revenus. Avant de laisser clairement la porte ouverte à une version payante de Facebook, en répondant à une autre question : «Il y aura toujours une version gratuite de Facebook.»

Des réponses, Mark Zuckerberg n'en a pas toujours apporté. Ainsi, quand la sénatrice Cantwell lui demande si Palantir (qui travaille pour plusieurs agences gouvernementales) a déjà utilisé des données publiées sur Facebook, il répond : « Je ne suis pas au courant de cela. » Même incertitude quand on lui demande si Messenger collecte les messages, appels et numéros de téléphone de mineurs. « Je ne sais pas. »

Il a ensuite repris de l'assurance, notamment en affirmant que la lutte contre les fausses informations et la propagande politique était sa priorité pour 2018. « Nous avons été trop lents à réagir sur les activités russes. Et 2018 est une année électorale importante, partout dans le monde. » Puis en reconnaissant que la législation européenne apportait des solutions. « Nous avons des sensibilités différentes ici, mais nous appliquons déjà, au niveau mondial, certaines de leurs recommandations, notamment pour la reconnaissance faciale. »

Parmi ses autres réponses, Mark Zuckerberg a notamment reconnu que ses équipes ont pu fournir des informations à celles de Robert Mueller, le procureur spécial qui enquête sur les liens entre le clan Trump et la Russie. Des dirigeants de la société ont été interrogés, mais lui ne l'a pas encore été.

Plusieurs sénateurs ont, eux, exprimé leurs doutes sur la capacité de Facebook à changer, sans des lois l'obligeant à le faire. La voie à une régulation plus forte, aux Etats-Unis, semble ouverte.

Avec AFP

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