Lecture du message du roi Mohammed VI à Antonio Guterres

Lecture du message du roi Mohammed VI à Antonio Guterres

2018 n’est pas comme les années qui l’ont précédée, concernant le dossier du Sahara à l’ONU. 2018 est l’année où le Maroc a abandonné son attitude passive, pour passer à l’offensive. Alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU a entendu le rapport de l’Envoyé personnel Horst Koehler le 21 mars, et qu’il a reçu celui d’Antonio Guterres, le Maroc agit, le dernier épisode en date étant le message du roi Mohammed VI, remis au Secrétaire général par Nasser Bourita.

Le ministre des Affaires étrangères était donc à New York ce mercredi 4 avril, et il y a rencontré Antonio Guterres, qui a pris connaissance du message du chef de l’Etat marocain, après un entretien que les deux responsables ont eu, mais sans précision sur sa forme et sur sa teneur. Qu’a dit le roi Mohammed VI à Antonio Guterres, en substance ?

1/ La situation à Guergarate malgré les différents appels de l’ONU, n’a pas été résolue, et la même chose menace de se produire à Bir Lahlou et à Tifariti, ce que le Maroc refuse ;

2/ Le Roi s’est appuyé sur l’unanimité des Marocains pour l’affaire du Sahara, considérant que ce territoire leur appartient. « Au nom de toutes les forces vives de la nation, toutes sensibilités confondues », est l’expression employée par le Roi, qui s’est fondé sur les rencontres tenues entre le gouvernement et le parlement, les partis non représentés au parlement et les syndicats ;

3/ Le Roi a expliqué au Secrétaire général que puisque ces manœuvres et actes du Polisario « violent le droit international et les résolutions de l’ONU, et compromettent sérieusement le processus politique », le cessez-le-feu de 1991 est menacé. Autrement dit, « faites le boulot, sérieusement, et éloignez ces gens, définitivement, ou nous nous en chargerons, résolument, et militairement  », dit implicitement le chef de l’Etat au chef de l’ONU, qui par ailleurs, dans son rapport, « constate que le Maroc a eu une réaction mesurée lorsqu’il a tenu ses troupes bien éloignées de...

la zone tampon durant les tensions » ;

4/ L’Algérie ! Elle est citée 8 fois en deux paragraphes du communiqué du ministère des Affaires étrangères, dans une répétition du même schéma rythmique en vue de l’amplification de l’objet voulu, ici en l’occurrence l’Algérie. « Le Roi a rappelé, dans son entretien avec le SG, que dans ce différend régional qui dure depuis plus de 40 ans, l’Algérie a une responsabilité flagrante, que c’est l’Algérie qui finance, c’est l’Algérie qui abrite, c’est l’Algérie qui arme, c’est l’Algérie qui soutient et qui apporte son soutien diplomatique au Polisario ». Le mot est répété 5 fois dans ce paragraphe, pour bien marquer et marteler.

Or, entre le président français Emmanuel Macron qui, en Algérie, en décembre 2017, avait dit que « sur la question du Sahara, le dialogue entre le Maroc et l’Algérie est primordial », et l’Envoyé Horst Koehler qui a osé cette comparaison entre les deux situations « Algérie-Maroc et France-Allemagne », et enfin avec l’insistance de l’ONU à inclure l’Algérie dans le règlement du conflit, l’Algérie revient de plus en plus souvent. La communauté internationale commence à comprendre, en effet… d’où la très forte insistance du roi Mohammed VI dans son adresse à Antonio Guterres sur… l’Algérie.

Et Nasser Bourita poursuit sur la même logique : « (Il) a rappelé que le Maroc demande et a toujours demandé que l’Algérie puisse participer au processus politique, que l’Algérie puisse assumer une responsabilité pleine dans la recherche de la solution et que l’Algérie puisse jouer un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse et l’évolution de ce différend régional ».

Et le Secrétaire général de l’ONU ne dit pas autre chose, quand dans le point 79 de son rapport, il dit vouloir que « comme le Conseil de sécurité, exhorter à nouveau les États voisins, l’Algérie et la Mauritanie, à apporter leur concours au processus politique et à s’engager plus avant dans les négociations ». Pas un mot sur l’autodétermination, ou le référendum, ou autre chose du même genre…

AB

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