La Commission européenne valide l’acquisition de Monsanto par Bayer
La Commission européenne a autorisé, l’acquisition de l’américain Monsanto, numéro un mondial des semences par le groupe allemand Bayer, pour 62,5 milliards de dollars. Monsanto qui est considéré comme une industrie dangereuse par les écologistes change d’écurie et intégrant le marché européen où altermondialistes, politiques et autres comme professionnels de la gastronomie française engagent avec lui un bras de fer.
Ce feu vert fait suite à la satisfaction par ce dernier des conditions de cession de 5,9 milliards d’euros d’actifs dans les semences et herbicides à son compatriote BASF, actif dans l’industrie chimique et pharmaceutique afin d’éviter une situation de monopole.
« Notre décision garantie une compétition effective et l’innovation sur les marchés de l’innovation dans les semences, des engrais et de l’agriculture digitale après la fusion. Nous nous sommes assurés en particulier que le nombre d’acteurs en compétition sur ces marchés reste inchangé.», a expliqué Margrethe Vestager, la commissaire européenne chargée de la concurrence.
Pour Bayer, cette approbation constitue une bouffée d’oxygène dans un contexte marqué par la réticence des autorités américaines qui craignent que l’opération ne pose un problème de concurrence et exigent plus de concessions.
« L’industrie agricole est déjà assez concentrée, permettant à une poignée de grandes firmes de faire main basse sur la production alimentaire. Ce rapprochement entre les deux acteurs aggrave une situation déjà difficile.», fustige le Groupe des Verts du Parlement européen.
Pour rappel, le projet de fusion a déjà reçu le consentement du Brésil, l’autorisation de la Chine sous réserve, et reste toujours en cours d’évaluation du côté de la Russie.
Suite au rachat, des dizaines de professionnels de la gastronomie française signent une lettre ouverte contre l’invasion de l’agrochimie dans leurs assiettes.
En effet, une centaine de chefs de cuisine et pâtissiers français parmi lesquels les plus grands noms...
comme Michel et Sébastien Bras, Yannick Alléno, Maro Collagreco, Eric Guerin, Thierry Marx, Michel Guérard ou encore Christophe Michalak, signent une "lettre ouverte contre l'invasion de l'agrochimie dans nos assiettes" publiée sur le site d'actualité gastronomique Atabula. Ils y dénoncent la fusion entre Bayer et Monsanto, qui représente selon eux un danger, et exhortent les citoyens à une prise de conscience collective pour ne pas "se contenter de regarder la chimie remplir leurs assiettes."
Avec le rapprochement des sociétés Bayer et Monsanto, le groupe devrait détenir 30 % des semences à l'échelle mondiale. "On voit apparaître un énorme monstre qui maîtrise toute la chaîne agricole, de la semence à l'engrais et aux pesticides", s'alarme le chef Olivier Roellinger dans une interview pour Télérama. "En contrôlant les semences, ces sociétés veulent s'approprier le vivant, tracer l'ensemble du végétal, le standardiser [...]. Mais aucun groupe n'a le droit de s'approprier le garde-manger de l'humanité", poursuit-il.
Un scénario qui n'est pas sans rappeler la catastrophe écologique et humaine causée par l’introduction du coton transgénique Bt en Inde dans les années 2000. Cette technologie, mise au point par Monsanto pour résister aux insectes, couvre près de 90% des surfaces dédiées à la fibre dans le pays alors qu'avant son introduction, plus d'un quart des surfaces consacrées à la culture étaient semées avec des variétés locales. En résultent un règne sans partage de la firme américaine, l'endettement des paysans qui conduit certains au suicide, un appauvrissement des terres ainsi que la résistance accrue des semences aux bactéries, nécessitant toujours plus de pesticides.
Parce qu'il maîtrise toute la chaîne agricole de la semence aux pesticides, le nouveau groupe Bayer-Monsanto apparaît ainsi aux chefs comme une menace pour toute l'alimentation, du producteur au consommateur, a rapporté le site l’Humanité.
La rédaction
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