Union africaine : Comptes et mécomptes d'un Sommet (suite et fin)

Union africaine : Comptes et mécomptes d'un Sommet (suite et fin)

 

« Gagner la lutte contre la corruption : un chemin durable vers la transformation de l’Afrique ». Ce fut le thème majeur du 30ème Sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Addis Abéba, les 28 et 29 janvier 2018.  Les travaux sont présidés par le nouveau président de l’organisation, le Rwandais,Paul Kagamé, et c’est ce dernier qui a d’ailleurs dirigé les travaux de la commission en charge des réformes  institutionnelles et financières de l’UA. 

Sur la lutte contre la corruption, thème majeur du sommet, Moussa Faki Mahamat, le Président de la Commission de l’Union africaine a déclaré que « chaque année, la corruption entraîne un manque à gagner de 50 milliards USD pour tous les Etats. Elle constitue un frein au développement, et une source de conflits sociaux et d’instabilité politique ». L’année 2018 sera celle du renforcement de l’action des Etats africains, sur la base de la Convention sur la prévention et la lutte contre la corruption, signée en 2003. 

Cette convention fait partie de l’arsenal juridique de prévention et de répression de la corruption: La Convention des Nations Unies de lutte Contre la Corruption (CNUCC) , adoptée en octobre 2003, et entrée en vigueur en décembre 2005 ; la Convention de l’Union Africaine anti-corruption, signée juillet 2003, et mise en application le 5 août 2006 ; le protocole sur la lutte contre la corruption de la communauté des Etats de l’Afrique australe (SADC) pour le développement ; le protocole sur la lutte contre la corruption de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO); le mécanisme d’évaluation par les pairs du Nouveau Partenariat pour le Développement Economique de l’Afrique (NEPAD) ; la Convention anti-corruption dans les pays de l’Afrique de l’Est, signée le 27 novembre 2009 à Arusha, Tanzanie…

Malgré tous les instruments juridiques...

de lutte contre la corruption (convention et protocoles), les Etats africains figurent en bas du classement des indices de perception des classements mondiaux établis par les ONG spécialisées en la matière. La nécessité de changer de paradigme est plus que jamais urgente afin de fournir une politique africaine cohérente  pour s’attaquer à la corruption transnationale et  faciliter la coopération internationale en matière de détection et de répression, et aussi en exigeant que les pays adoptent le même comportement, en harmonisant les cadres juridiques et institutionnels.

Parmi les autres grands dossiers du Sommet figurent le projet de mise en place de la Zone de libre-échange pour l’Afrique, projet confié au président nigérien Mahamadou Issoufou. En effet, et  comme le démontre l’acharnement de la Chine et de l’Union européenne avec ses accords de partenariats économiques, sans compter l’AGOA des Etats-Unis, le continent africain avec son marché de 1,2 milliard de consommateurs aiguise bien des appétits.

Autre chantier économique parallèlement à la ZLE, figure aussi le projet d’ouverture du ciel africain en termes de transport aérien, pour plus de connectivité, avec un objectif de 300 millions de passagers à l’horizon 2035 ; et c’est le président de la Commission Moussa Faki Mahamat qui sera en charge de ce dossier. Ces deux projets ont le potentiel de doper la compétitivité africaine en libéralisant deux secteurs clés de l’économie que sont le transport et les échanges.

L’approche genre a été débattue aussi au sein de l’Union Africaine, notamment l’accès des femmes aux hautes fonctions de responsabilité dans l’institution. Une comparaison a été établie entre 2012 et 2016, pour constater que le nombre de femmes occupant de tels postes est passé de 29 à 42%. Tout un progrès.  Mais beaucoup reste à faire,encore…

Mouhamet Ndiongue

 

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