Tariq Ramadan en garde à vue (prolongée)

Tariq Ramadan en garde à vue (prolongée)

Islamologue et intellectuel aussi reconnu que controversé, Tariq Ramadan a été placé en garde à vue mercredi 31 janvier à Paris, dans le cadre d’une enquête pour viols et violences volontaires, ouverte suite à deux plaintes déposées contre lui en octobre 2017 pour des faits remontant à 2009 et 2012. L’universitaire avait rudement rejeté ces accusations, les qualifiant de calomnies. Mais pourquoi lui seul a été inquiété pour ces accusations de viol qui concernent tant d’autres personnages du monde des arts et de la politique ? Sa garde à vue a été prolongée ce jeudi 1er février.

Tariq Ramadan s’est rendu donc mercredi 31 janvier au siège du 2ème district de la police judiciaire parisienne, répondant à la convocation des policiers « dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte à Paris des chefs de viols et violences volontaire ». Deux femmes l’accusent en effet de les avoir violées, en 2009 et en 2012, ce qu’il nie, dénonçant une « campagne de calomnies ».

La première plaignante, Henda Ayari, accuse l’universitaire, petit-fils du fondateur des Frères musulmans Hassan al-Banna, de l’avoir violée dans un hôtel parisien en 2012. Ci-devant salafiste, puis militante féministe et laïque, elle avait elle-même révélé l’affaire sur sa page Facebook. Elle avait aussi évoqué les faits présumés dans un livre en 2016, sans en identifier l’auteur.

Réagissant à cette plainte, M. Ramadan avait porté plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Sa défense avait ensuite versé au dossier des pièces censées, selon elle, discréditer la parole de Henda Ayari. Parmi ces documents figurent notamment des conversations sur Facebook au cours desquelles une femme qui se présente comme Henda Ayari fait en 2014 - soit deux ans après les faits présumés -, des avances explicites au théologien qui n’y donne pas...

suite.

La seconde plainte qui vise Tariq Ramadan concerne des faits similaires dans un hôtel à Lyon en 2009. Elle a été déposée fin octobre, quelques jours après la première plainte. Dans ce volet, l’identité de la plaignante n’a pas été publiquement révélée. Elle avait fourni des certificats médicaux à l’appui de son témoignage. La victime présumée avait adressé au parquet de Paris le 27 octobre dernier, un témoignage accablant sur Tariq Ramadan, ses actes de violences, ses viols « qui ont duré des heures », un témoignage appuyé par des certificats médicaux : hématomes et lésions aux parties intimes y sont répertoriés.

Selon des informations médiatiques françaises, les enquêteurs se sont rendus dans les deux hôtels où se seraient déroulés les viols sans pouvoir récolter des éléments déterminants. Les téléphones et ordinateurs des victimes présumées ont fait l’objet d’analyses. En réponse aux deux accusatrices, la défense du théologien avait exhumé de troublants écrits et pointé certaines incohérences dans le récit des victimes, censées, selon elle, discréditer leurs paroles.

Ce qui est gênant dans cette affaire, où la garde à vue a été prolongée et où une confrontation entre M. Ramadan et l’une de ses victimes est programmée aujourd’hui, est que l’universitaire est le seul à ce jour à avoir été inquiété par la justice. Plusieurs témoignages de viols contre des personnalités françaises ont été révélés par la presse, des personnalités artistiques ou politiques, mais personne n’a encore été entendu par la justice.

Tariq Ramadan est un polémiste, un homme qui déroule souvent un double langage, un idéologue qui fait dans la provocation, mais qu’on l’apprécie ou pas, on ne peut que s’interroger sur les mobiles réels de la justice française, qui semble adopter la politique du deux poids deux mesures.

Aziz Boucetta

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